Libération – Baupin: «Pour se mettre d’accord, il faut arrêter l’EPR»

Un gros atome dans la chaussure des socialistes et des écologistes. Alors que leurs discussions ont repris la semaine dernière, pour tenter d’aboutir à un accord de gouvernement pour l’après 2012, la déclaration de François Hollande a jeté un froid lundi soir. Invité du JT de France 2, le candidat PS, tout en prêchant «une diminution de la part du nucléaire dans la production d’électricité», s’est engagé à «préserver la construction d’un EPR». De quoi couper la ligne avec Europe Ecologie-Les Verts. Ce matin, une source du parti annonçait à l’AFP que les négociations étaient «suspendues». La patronne d’EELV, Cécile Duflot, s’est elle-même interrogée sur «la volonté [de Hollande] d’avoir une stratégie qui fait l’impasse sur le rassemblement de la gauche et des écologistes». Explications avec Denis Baupin, négociateur d’EELV.

Confirmez-vous que les discussions sont «suspendues» avec le PS?

Elle ne sont pas «suspendues». Nous avions une réunion ce matin, que nous avons reportée en attendant de savoir ce que François Hollande voulait dire exactement sur l’EPR. S’agit-il, pour lui, d’une fin de non recevoir adressée aux écologistes? Est-ce un signal politique? Nous avons actuellement des échanges avec des interlocuteurs de Hollande qui nous disent qu’ils ont pris note et qui doivent nous faire part de leurs-contre-propositions.

Nous avons toujours dit que nous souhaitions pour demain une majorité de gauche et écologiste mais cela ne se fera pas dans un gouvernement qui est en train de construire un réacteur nucléaire.

Les écologistes avaient fait de la sortie du nucléaire un point incontournable pour un accord de gouvernement avec le PS…

Notre position est celle d’une sortie. François Hollande propose, lui, de réduire la part du nucléaire dans l’électricité de 75 à 50% d’ici à 2025, ce qui n’est pas si éloigné de nos scénarios de sortie. Nous étions donc prêts à faire un gros pas en acceptant que ne soit pas forcément écrit le mot «sortie» mais à condition d’être dans un processus qui la rend probable.

Poursuivre l’EPR n’est pas dans cette horizon stratégique. Rappelons que l’Autorité de sûreté du nucléaire a elle-même dit que le système de commande de l’EPR de Flamanville n’était pas bon. Après la catastrophe japonaise, le président de l’ASN s’est interrogé sur des défauts de construction de l’EPR qui ne répondrait pas aux normes de sécurité post-Fukushima, notamment concernant sa piscine de refroidissement au niveau de la mer. Oui, on peut se mettre d’accord mais il faut arrêter l’EPR.

Où en êtes-vous ce matin de cette explication de texte avec le PS?

On n’a pas encore de signe. Ils ont droit à un peu de temps pour réfléchir! La balle est dans leur camp mais il nous faut des explications.

Le PS et EELV pourraient-ils vraiment passer à côté d’un accord?

C’est même l’hypothèse la plus probable aujourd’hui. Soyons clairs, nous n’avons pas envie de rompre, nous allons essayer d’aller jusqu’au bout pour voir s’il reste une marge de possibilité pour un accord mais cet espace s’est extrêmement réduit. Nous ne voulons pas la rupture mais nous nous demandons si nos partenaires ne sont pas en train de la souhaiter.