Publié le 12 juillet, 2013
0L’Express.fr : Arnaud Montebourg relance une énième fois le débat sur les gaz de schiste
Arnaud Montebourg a plaidé pour la création d’une « compagnie publique et nationale exploitant les gaz de schiste » alors que l’engagement de François Hollande est clair: pas d’extraction en l’état actuel des technologies. Le ministre a-t-il encore une fois parlé trop vite?
François Hollande et la majeure partie du PS a beau répéter qu’il n’y aura pas d’exploitation des gaz de schiste en l’état actuel des technologies, Arnaud Montebourg n’en finit pas de pousser dans la direction inverse.
A l’occasion d’une audition par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, sur la réforme du code minier, le ministre du redressement productif s’est une nouvelle fois illustré par une sortie polémique. Il a émis l’hypothèse de créer une « compagnie publique et nationale exploitant les gaz de schiste ». « C’est une position tout à fait personnelle qui n’engage pas le gouvernement », a-t-il précisé dans la foulée, avant de s’accorder une petite pique en direction des écologistes: « Nous pouvons convaincre les écologistes raisonnables. Ils sont majoritairement raisonnables. Ils sont même tous raisonnables. »
Ca ne les a pas faits beaucoup rire: « Ces propositions ne vont pas du tout dans le sens du progrès, elles sont à contresens du projet de transition énergétique », a fait valoir Denis Baupin, député d’Europe Ecologie-Les Verts et vice-président de l’Assemblée, avant d’évoquer « une immunité gouvernementale » pour Arnaud Montebourg et de tweeté #jurisprudencebatho.
L’intéressée a d’ailleurs réagi, sur France inter ce matin: « Il ne sera pas traité comme moi, c’est gros comme le nez au milieu de la figure, mais j’ai surtout un désaccord de fond. C’est un camarade. On ne peut pas être pour la dé-mondialisation, et vouloir importer en France le pire du modèle américain. »
La vague de désapprobation s’est même étendu jusqu’aux bancs du PS. Jean-Paul Chanteguet, président socialiste de la Commission du développement durable à l’Assemblée nationale réagissait mercredi matin: « En accord avec le livre qu’il a écrit, Des idées et des rêves, Arnaud Montebourg imaginant exploiter de manière écologique le gaz de schiste nous montre qu’il est un doux rêveur » avant de poser la question « de son maintien au gouvernement ».
Sur Europe 1, Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, tempérait l’événement: « Aujourd’hui la technique écologique n’existe pas. Il n’y a pas de fracturation écologique. Faisons en sorte de donner des moyens à la recherche et n’abordons le sujet que lorsqu’il y aura une technique d’extraction écologique. Arnaud dit simplement qu’il ne doit pas avoir a priori de mise au ban de ce que sont les gaz de schiste. Laissons la recherche se faire, que les industriels nous fassent des propositions. Il ne doit pas y avoir d’obscurantisme. »
Pourtant un soutien clair et fort est venu faire écho au propos d’Arnaud Montebourg en la personne de Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française de l’industrie pétrolière: « L’intervention du ministre est une bonne nouvelle en soi, le fait que les membres du gouvernement s’expriment sur le sujet signifie que le débat n’est pas clos. » Exactement ce que voulait éviter l’exécutif.