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Publié le 19 février, 2007

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Lettre de candidature de Denis Baupin envoyée aux militants verts

Cette campagne s’annonce comme un défi passionnant : revendiquer notre part du bilan et de la transformation engagée de Paris, et montrer comment nous transformerions plus profondément cette ville si on nous en confiait la responsabilité.

Pour la première fois, la gauche a dirigé Paris pendant une mandature municipale. Les Verts ont largement contribué aux évolutions profondes qui ont marqué cette période et se traduisent dans des politiques visibles de tous. Sur tous les grands dossiers nous avons gardé notre autonomie de parole, imprimé notre marque et fait bouger des lignes. Notre radicalité efficace a porté ses fruits dans l’opinion publique. Les options que nous avons défendues et les débats qui ont animé la majorité municipale ont marqué la vie politique parisienne.

Nous avons acquis crédibilité et notoriété. Ce sont des atouts essentiels dans une élection. Cette expérience est notre bien commun. Personne ne peut prétendre l’incarner seul-e.  C’est pourquoi notre campagne sera avant tout une aventure collective. Car l’action collective est non seulement une force des Verts, un signe distinctif de notre identité en politique mais c’est aussi, pour moi, un élément indissociable de tout engagement politique, de toute envie de politique. L’aventure que nous vivons depuis 6 ans n’a pu que me renforcer dans cette conviction, tant je sais à quel point les résultats atteints dans le domaine dont je suis chargé sont dus à l’engagement commun et à la solidarité du mouvement.

Si, aujourd’hui, j’aspire à cette responsabilité c’est qu’au delà de la passion qui m’anime pour la porter, je pense pouvoir faire valoir quelques compétences utiles pour l’assumer.

Au cours de ces six dernières années, aux responsabilités que j’ai exercées, j’ai beaucoup appris : appris sur Paris, appris sur les politiques publiques que l’on peut mener à la tête d’une municipalité, appris sur les besoins colossaux de changement auxquels aspirent encore les Parisiens et les Parisiennes, mais appris aussi sur les rapports de force avec nos partenaires, avec nos adversaires, avec les lobbies en tout genre.

Tout cela, nous l’avons aussi appris ensemble : au groupe vert au conseil de Paris, avec les élu-e-s d’arrondissement, avec les militant-e-s, dans un collectif parfois chaotique, mais toujours exigeant. C’est ce qui fait sa richesse, sa complexité, la difficulté pour nos adversaires de nous appréhender, et finalement la grande capacité que nous avons eue, tout au long de cette mandature, non seulement à peser mais aussi à obtenir des résultats concrets.

Pour ce qui me concerne, mon engagement politique d’aujourd’hui est animé par la même volonté de « changer le monde » qui a motivé mes premiers engagements, il y a 20 ans, comme objecteur de conscience, puis comme militant associatif non-violent, des droits de l’Homme et tiers-mondiste, avant d’adhérer aux Verts en 1989. Cette volonté est même plus forte encore au vu des injustices qui s’aggravent, des crises majeures qui s’annoncent, et parce que maintenant je sais, mieux que jamais, au vu de mon expérience, qu’il n’y a pas de fatalité, qu’il y a possibilité d’influer sur tout cela, pour autant qu’on le veuille vraiment, et qu’on ait le courage politique de mener des réformes, même impopulaires.

Face aux pollutions et aux enjeux énergétiques, aux détresses humaines, à l’exclusion, au mal-logement, aux conditions de vie insupportables de milliers d’habitants de cette ville, pourtant l’une des plus riches du monde, on doit garder une révolte intacte, et l’envie totale de se battre. Parce que nous ne croyons pas au « grand soir », à l’explosion salvatrice, nous savons que les vrais changements s’inscrivent dans la durée, dans le combat pied à pied, en gardant toujours en ligne de mire notre projet global. Telle est ma conviction que je sais partagée par une grande majorité des Verts.

Chaque fois que je l’ai pu, en participant aux mobilisations pour les sans-papiers, les mal-logés, la légalisation du cannabis, ou contre la place JP2, j’ai tenu à inscrire mon action dans la globalité de notre projet et à maintenir l’équilibre entre participation aux institutions et présence dans les luttes de terrains.

Je ne mésestime pas les difficultés. Paris 2008 sera difficile pour Les Verts car nous sommes « attendus au tournant ». Nos adversaires nous ont choisis comme cible privilégiée, tant notre projet est aux antipodes du leur. Et nos partenaires, qui seront nos concurrents, n’auront de cesse de limiter notre espace politique. Raison de plus pour jouer sur les atouts que sont notre crédibilité et notre visibilité en même temps que notre radicalité et la force de nos convictions. Raison de plus aussi pour porter haut et fort ce que le bilan de cette mandature doit aux Verts, à notre action et à notre pression constante. La compétition pour revendiquer nos réalisations est déjà engagée et Delanoë ne nous fera aucun cadeau, soyons en sûrs !

Je crois aussi avoir montré au cours de ces dernières années que l’adversité ne me fait pas peur. On prend des coups, on prend des risques, on s’affronte. Mais s’il y a une chose dont je suis fier, au-delà du tram ou des couloirs de bus, c’est d’avoir montré que si on fait équipe, si on est solidaire y compris dans la difficulté, si on reste fidèle à ses engagements et à ses valeurs, qu’on bosse et qu’on explique ce qu’on fait, alors on obtient des avancées, on bouscule les situations établies, on montre la voie, et ainsi on gagne en crédibilité et en adhésion.

Cette mandature l’a démontré : nous savons tous que c’est de notre poids électoral que dépendra la radicalité, notamment écologique, du projet qui sera mis en œuvre dans les années qui viennent. Cela dépendra de la qualité de notre projet, du dynamisme de notre campagne, mais aussi de nous, candidats et candidates, et de ce que nous serons capables d’incarner, tous ensemble en mars 2008 et au delà, durant la prochaine mandature.

Il vous appartient dorénavant de choisir celui ou celle qui, le mieux, pourra conduire cette campagne et nous mettre en situation de peser pour les années à venir à Paris.

Denis Baupin

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