Publié le 5 juillet, 2010
0Les quais de Seine entament leur mue
Le Conseil de Paris votera mardi le réaménagement des voies sur berge, en attendant l’autorisation – compliquée – du préfet de police
ADIEU l’ « autoroute urbaine », place au « boulevard parisien » le long du fleuve ( rive droite) et aux promenades piétonnes sur les quais de Seine ( rive gauche ). La « reconquête des berges », projet majeur de la deuxième mandature de Bertrand Delanoë, sera soumise au vote du Conseil de Paris mardi, à quelques jours de la 9 e édition de Paris-Plages. Ce réaménagement « pérenne », au détriment des automobilistes et au profit des piétons et cyclistes, va « bouleverser le coeur de Paris », prévient la première adjointe Anne Hidalgo ( PS ), chargée de l’urbanisme. Les élus auront à se prononcer sur la « piétonisation totale» de 2, 3 km ( 4, 5 ha ) de la rive gauche, entre Solferino et l’Alma ( 7 e ) ; et sur la transformation d’une bonne partie de la rive droite, entre le pont d’I éna ( 16 e ) et le pont de Sully ( 4 e ) : des feux rouges doivent être installés, des passages piétons et des pistes cyclables aménagés, la largeur des deux files de circulation limitée à six mètres, la vitesse du trafic automobile réduite … Le coût de ces aménagements est estimé à 40 M EUR, dont 15, 5 M EUR pour les travaux de voirie, les équipements ( terrains de sport, espaces de lecture, gradins au-dessus de l’eau …) ou le mobilier urbain ( toilettes, fontaines à eau, luminaires …) ; et 12 M EUR pour les objets flottants ( l’archipel d’îles artificielles et une dizaine de barges ). Le coût de fonctionnement des activités récréatives ne dépassera pas 2 M EUR par an, jure la mairie. En même temps que les études d’impact, la phase de concertation durera jusqu’à la fin 2010. Le syndicat Paris Métropole a été saisi pour recueillir l’avis des collectivités concernées. Une enquête publique doit être lancée, ainsi qu’un forum Internet, des réunions publiques, une exposition à l’Hôtel de Ville et dans les mairies qui le souhaitent ou encore des « ateliers-ville » pour associer les enfants et les jeunes. Une nouvelle délibération du Conseil de Paris fera le bilan de ces échanges début 2011, avant le démarrage des travaux et la livraison en 2012.
Cinq à sept minutes de plus pour traverser Paris
Reste cependant à obtenir les autorisations des partenaires institutionnels, et ce n’est pas une mince affaire. Les voies navigables de France ( VNF ), le Port de Paris, les Bâtiments de France, la chambre de commerce et d’industrie ne devraient pas poser de problème. Avec la préfecture de police, la partie est plus compliquée. « Le dialogue est en cours, il n’y a pas de blocage », assure Anne Hidalgo. Le préfet et ses services s’inquiètent des reports de circulation et de l’aggravation des embouteillages, en cas d’accident notamment au pont de la Concorde – aux abords des « institutions nationales » ( Assemblée, Quaid’Orsay …) – ou au niveau du pont de Grenelle ( 16 e ). La mairie, citant les études de l’Atelier parisien d’urbanisme, se veut rassurante : les cycles de feux seront ajustés au mieux. Et l’allongement des temps de parcours ne devrait pas dépasser cinq à sept minutes pour traverser Paris. Le principal désaccord avec la préfecture de police concerne le caractère réversible, ou non, du projet. Le préfet souhaite un aménagement « expérimental ». « Nous voulons quelque chose de pérenne. On n’investit pas 40 M EUR dans de l’éphémère », objecte Anne Hidalgo. De son côté, la droite parisienne dénonce un « manque d’ambition ». L’UMP a proposé un contre-projet, non chiffré, qui ne fait pas l’unanimité en son sein, consistant à couvrir les voies sur berge ou à installer le long de l’eau des … maraîchers bio. Le Nouveau Centre estime que Delanoë « se comporte comme le président du comité des fêtes d’une ville balnéaire, pas comme le maire d’une capitale monde ». Les Verts, eux, voteront mardi la délibération qui ne constitue, selon Denis Baupin, « qu’une étape avant la reconquête intégrale ». Il se refuse d’ailleurs à parIer d’ « interdiction des quais aux voitures », mais préfère se réjouir de « la fin de l’interdiction des quais aux piétons et aux cyclistes ».
Sept îlots flotteront sur la Seine, « comme des nénuphars », en contrebas du Quai d’Orsay, rive gauche.
Bertrand Gréco