Publié le 7 mars, 2014
0Les Echos – Sûreté nucléaire : les points faibles d’EDF
Par Véronique Le Billon | 06/03
Le rapport publié aujourd’hui fait état de résultats de sécurité du travail au sein d’EDF « beaucoup trop éloignés des meilleures pratiques internationales ». –
Inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection au sein d’EDF, Jean Tandonnet présente aujourd’hui à Denis Baupin, député EELV et rapporteur de la commission d’enquête sur le coût du nucléaire, son rapport 2013 (voir le document ci-dessous). De « contrastés » en 2012, les résultats sont désormais jugés « encourageants », estime Jean Tandonnet, qui note qu’aucun incident de niveau 2 sur l’échelle Ines (qui en compte 7) n’a été enregistré depuis 2010 et que les incidents de niveau 1 ont baissé de 23 %. Mais l’intérêt de ce rapport rédigé à la première personne du singulier réside dans les « points qui méritent attention ».
Les résultats de sécurité du travail, d’abord, sont « beaucoup trop éloignés des meilleures pratiques internationales », estime l’ancien préfet maritime, qui demande au groupe de « changer de braquet ». En dépit d’une baisse des accidents du travail avec arrêt (3,3 par 1 million d’heures travaillées) sur le parc français, il reste bien supérieur à celui sur le parc britannique (0,7) ou américain (0,2) d’EDF. Le groupe ambitionne de diviser par 2 le taux d’accident en France d’ici à 2017.
« Un personnel inquiet »
A l’instar de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui juge EDF « débordé » par ses travaux de maintenance (« Les Echos » du 14 février), Jean Tandonnet « déplore le nombre très élevé d’événements significatifs pour la sûreté associés aux non-qualités de maintenance » (+ 80 % en trois ans). Il décrit aussi « un personnel inquiet devant les échéances prochaines et préoccupé par sa capacité à intégrer les nouvelles générations ».
Autant d’observations qui se sont traduites par une performance décevante du parc nucléaire l’an dernier : le taux de disponibilité des centrales est ressorti en deçà des objectifs (à 78 %), et la campagne d’arrêts pour travaux a été « très perturbée », avec plus de 26 jours de prolongation par arrêt en moyenne. Si le propos reste toujours mesuré, le rapport décrit au final une entreprise en surchauffe, et appelle à « prioriser les actions », « simplifier les exigences », « limiter les sollicitations »…
Alors qu’EDF est engagé dans une stratégie de prolongation de la durée d’exploitation de ses réacteurs nucléaires au-delà de 40 ans, l’inspecteur « observe toujours des difficultés notables de l’exploitant pour faire prendre en compte les réalités industrielles s’imposant à lui ». Jean Tandonnet fixe trois conditions pour envisager la prolongation du parc : « avoir fait le renouvellement des compétences » – 30 % des effectifs seront encore renouvelés d’ici à 2020 –, « avoir un parc performant et avoir une R&D de haut niveau » sur les sujets techniques (obsolescence, porosité…).
Pour accéder au rapport : http://m.lesechos.fr/industrie-services/surete-nucleaire-les-points-faibles-d-edf-0203354250764.htm