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Publié le 19 juillet, 2013

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Les Echos – Energie: le débat s’achève sur un coup de force du Medef

Les représentants des entreprises ont obtenu que le document de synthèse du débat soit rebaptisé, avant d’être remis au gouvernement en septembre. Le débat n’aura pas permis de trancher sur les questions fondamentales : les économies d’énergies, le poids du nucléaire ou la place des énergies renouvelables
Jusqu’au bout, il aura fallu discuter pied à pied la moindre virgule. La dernière séance plénière du grand débat sur l’énergie s’est achevée ce jeudi sous les applaudissements, mais après une épique négociation de marchands de tapis sur les termes du document final qui sera remis au gouvernement en septembre. Exit, les « 15 recommandations pour la transition énergétique de la France», place à la « synthèse des travaux du débat national sur la transition énergétique de la France ».
A l’origine de cette modification, un dernier coup de force du Medef, qui a annoncé ce jeudi matin son refus d’endosser le document tel qu’il se présentait alors. « De nombreux points ne faisaient pas consensus », explique Jean-Louis Schilansky, président du comité énergie du Medef.
Le nouveau ministre de l’énergie, Philippe Martin, qui a ouvert la séance, a pu prendre toute la mesure des profonds désaccords qui subsistent et qu’il devra trancher. Tout en saluant la qualité et la densité du débat, il a d’ailleurs rapidement rappelé qu’ « un débat ne remplace pas les choix du gouvernement ».
Si le Medef a finalement donné son accord sur un document rebaptisé, il n’a rien cédé sur le fond. Le reste du texte n’a quasiment pas bougé. Au cœur des dissensions, l’objectif affiché en matière d’économies d’énergie et le rôle du nucléaire. Le document met en avant une réduction de la consommation énergétique de 50 % d’ici à 2050, seul objectif cohérent selon lui avec le fameux « facteur 4 », visant à diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre à cet horizon. Il mentionnait certes que certains acteurs n’étaient pas d’accord et prônaient un objectif de 20 %, mais cela n’a pas suffi à contenter le Medef.
De même l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité, de 75 % à 50 % d’ici à 2025, fixé par François Hollande lors de sa campagne, est jugé irréaliste par les représentants des entreprises qui refusent de l’endosser. La fiscalité écologique constitue aussi un point de discorde. Dès mercredi, Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, dénonçait la suppression d’une phrase sur le rattrapage de la fiscalité du diesel sur l’essence.
Arbitrer entre deux visions peu compatibles
Les écologistes, qui s’attendaient au coup d’éclat du Medef avaient pris les devants en convoquant la presse jeudi matin. Pour eux, l’attitude du patronat tient du déni : « Le Medef a participé de bout en bout, ils sont corédacteurs des conclusions des groupes de travail, ils ne peuvent pas dire aujourd’hui que les recommandations ne les engagent pas», souligne Denis Baupin, député d’Europe Ecologie-Les Verts et vice-président de l’Assemblée nationale. De même le secrétaire national d’EELV, Pascal Durand, dénonce : « Le Medef a tiré les négociations vers le bas en demandant des compromis avant de se retirer : ce sont des méthodes de négociateur de petite morale ».
Affirmant avoir aujourd’hui toute confiance dans l’exécutif, les écologistes espèrent en tirer bénéfice lors des arbitrages. « Politiquement le PS est au pied du mur, je demande à ce que le gouvernement se mette à réformer, à avancer », a fait valoir Pascal Durand, qui met en tête de ses préoccupations l’objectif de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % en 2025. Une façon de faire monter les enchères car le sujet est une pomme de discorde au sein même du PS.
Au final, le gouvernement devra arbitrer entre deux visions peu compatibles, entre un virage vert radical, sans doute coûteux, et une transition plus douce, que les entreprises jugent plus réaliste sur le plan économique. François Hollande avait désigné la transition énergétique vers une société plus sobre en carbone comme l’un des chantiers majeurs de son mandat, pour réduire à la fois l’impact climatique et la facture énergétique de la France. La synthèse du débat sera remise au gouvernement le 20 septembre, lors de la conférence environnementale, et servira de base à une loi de programmation énergétique, qui sera présentée au gouvernement à l’automne et débattue au Parlement début 2014.
Par Anne Feitz et Sharon Wajsbrot
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