Publié le 19 janvier, 2012
0Les berges de Seine n’ont pas vocation à être une autoroute
Paris : faut-il rendre les voies sur berges piétonnes ?
Débat sur http://www.newsring.fr 18 janvier 2012, 16:39
Contribution de Denis Baupin au débat :
Cela fait de très nombreuses années que les écologistes disent qu’il faut reconquérir les berges de la Seine. Ce site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco, il n’a pas vocation à être une autoroute: aujourd’hui c’est la seule autoroute au monde qui soit classée!
En 2001, quand je suis arrivé au responsabilité au temps que maire adjoint de Paris chargé des transports, on a réservé les berges de la Seine aux piétons, aux cyclistes, au rollers, pendant un mois l’été, c’est devenu ensuite Paris Plage. On avait vraiment dans l’idée à ce moment là qu’il fallait aller vers une reconquête complète, toute l’année, progressivement des berges. Ce qui nécessite que dans le même temps on ait mis place des modes de transports alternatifs. Aujourd’hui ces voies sont empruntées par de nombreux automobilistes donc il va falloir permettre un transfert vers d’autres modes de déplacements, voire d’autres parcours.
Le projet que porte le maire de Paris est une étape du point de vue des Verts. Nous pensons qu’on aurait pu aller éventuellement plus vite, à condition que les questions de droits soient réglées. Le principal obstacle qui s’oppose à la municipalité parisienne, c’est qu’elle est la seule municipalité de France qui n’a pas compétence sur l’ensemble de sa voirie. Partout ailleurs, on considère que les élus locaux sont des élus responsables, qui sont en capacités de prendre des décisions sur leur voirie. A Paris on estime que c’est l’Etat qui conserve une prérogative jacobine de pouvoir décider à notre place.
Aujourd’hui, c’est le premier ministre, candidat aux législatives sur la circonscription concernée, qui met son veto. On assiste à une instrumentalisation politique de cette question. L’attitude de François Fillon sur cette histoire en dit long sur le côté très arriéré de la droite parisienne sur ces questions automobiles. Ils n’ont pas arrêté de nous mettre des bâtons dans les roues depuis 10 ans: contre le tramway, contre les couloirs de bus, etc… Pendant ce temps là, toutes les grandes villes dans le monde veulent réduire la circulation automobile. Il y a même des élus UMP qui le font: comme Monsieur Juppé qui a eu le courage à Bordeaux de mener une politique en ce sens. Donc l’UMP parisienne est totalement à rebours de ce qu’est aujourd’hui l’évolution naturelle des villes: reconquérir l’espace pour améliorer la qualité de la vie, améliorer la qualité de l’air et avoir moins de pollution.
Réorganiser l’offre de transport collectif pour que l’aménagement se passe dans de bonnes conditions
La voie Georges Pompidou, voie rive droite qui n’est donc pas concernée par l’aménagement, est la voie la plus importante en terme de flux de circulation. Il y a 30 000 véhicules qui y circulent chaque jour. Entre 2001 et 2008 on a réduit de 25% la circulation automobile de la ville, en développant le tramway, les couloirs de bus, les pistes cyclables, etc… On a réduit de 450 000 le nombre de déplacements automobiles par jour, c’est à dire 15 fois plus que la circulation actuelle sur les voies sur berges. On l’a fait en développant 1 million de places dans les transports en commun (tramway, renforcement de l’offre de bus, etc), soit le double du nombre de déplacements automobiles réduits.
Donc si on suit ce schéma, il faudrait 50 000 places de transports collectifs en plus pour combler les 30 000 véhicules. On réfléchie à faire ce transfert: la ligne de métro n°1 a été automatisée, ça augmente sa fréquence de passage, le RER A va passer d’un étage à deux, on va renforcer l’offre de bus le long des quais hauts en bordure de Seine, et relancer l’idée de navettes fluviales. Ce qui ne veut pas dire que tous les usagers de la voie sur berges vont tous passer sur les transports collectifs, mais une partie y passera, une autre partie pourra passer sur les quais hauts. Quand on fait Paris Plage, on voit bien que les flux automobile se répartissent de façon différente.
Pour réussir à rendre piétons les berges de Seines, pour le faire dans de bonnes conditions, il faut des offres de transports collectifs supplémentaires. Mais de fait, elle est déjà en partie en train de se mettre en place.