Publié le 27 août, 2010
0Le PS face à sa mue avant La Rochelle
27 août 2010 07h38 | Par Jean-Denis Renard
Avant La Rochelle, les représentants du pôle écologique du PS espèrent peser sur la doctrine de leur parti. Mais le chemin est encore long.
La semaine prochaine, Philippe Plisson enfourchera son vélo pour gravir le Tourmalet, une vieille habitude estivale. Il y a une pente plus rude à gravir pour le député socialiste de Haute Gironde. Cheville ouvrière du pôle écologique du PS, il travaille à la mue de son parti sur les questions de développement durable. C’est l’Himalaya ?
« Le PS a longtemps traité ces problèmes de manière subalterne. Le pôle sert à faire prendre conscience aux socialistes qu’un programme de gouvernement doit prendre en compte la dimension écologique. Cette action commence à porter ses fruits. Nous avons aujourd’hui une vraie crédibilité en interne. Il y a des extrémistes chez les Verts comme il y a au PS des gens qui en sont restés à des logiques purement productivistes. Mais de grands pas ont été accomplis chez nous », tempère-t-il.
Assaut de bonne volonté
Petits pas ou grands pas, le pôle écologique du PS demeure un courant très minoritaire. Créé il y a deux ans, il rassemble 11 parlementaires, dont Philippe Plisson et le député de la Dordogne, Pascal Deguilhem. Tout l’enjeu pour eux consiste à peser sur le corps de doctrine socialiste à l’heure de plancher sur un projet pour 2012. C’est bien pour cela que le programme des « rencontres d’été », qui se tiennent depuis hier midi à Saint-Ciers-sur-Gironde (la patrie de Philippe Plisson), confronte jusqu’à ce soir les opinions sur les questions qui fâchent : l’avenir des transports collectifs face à l’automobile, l’agriculture, la croissance et le nucléaire, pour ne citer que ces exemples.
Apparemment, l’appareil socialiste est sensible à la démarche. Arnaud Montebourg et Laurent Fabius étaient à Saint-Ciers hier, avant de cingler vers La Rochelle. Pierre Moscovici devrait y faire une apparition aujourd’hui.
Tout ce petit monde fait assaut de bonne volonté écologiste. « Ça fait des années que j’explique que c’est une donnée fondamentale. Le PS était tellement mobilisé sur les questions industrielles et de pouvoir d’achat qu’il ne s’occupait pas d’écologie. Les temps ont changé », assure Laurent Fabius.
« Différences significatives » Invité à la table ronde sur les transports, Denis Baupin, l’adjoint vert au maire de Paris, en est moins convaincu. « La grille de lecture du PS reste majoritairement productiviste. Nous avons des différences significatives, ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas trouver des terrains d’entente. On peut, par exemple, avancer sur le ferroutage pour faire obstacle à la fuite en avant du tout-camion. C’est au moment où il faudra restaurer des circuits courts de commercialisation plutôt que de privilégier le transit de marchandises sur des milliers de kilomètres que nous allons rencontrer un point dur avec le PS », analyse-t-il.
Porte-parole du pôle écologique du PS et élu de la Sarthe, Géraud Guibert fait confiance au calendrier politique pour inciter son parti à bouger sur ces « points durs ». Lors des primaires socialistes à la présidentielle, le pôle écologique claironne déjà qu’il n’adoubera pas n’importe qui…