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Publié le 20 décembre, 2006

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LE PARISIEN : Pollution de l’air : la politique de Delanoë confortée

L'ORGANISME de mesure de la qualité de l'air Airparif a rendu public hier un premier bilan d'étape de sa grande étude sur l'évolution de la qualité de l'air à Paris. En 2007, c'est-à-dire à la fin de l'année prochaine, la pollution de l'air aura baissée à Paris de 32% par rapport à 2002. La part la plus importante de cette baisse (26%) est due à l'amélioration des moteurs des véhicules. Les 6% restants sont « directement attribuables aux évolutions de la circulation », c'est-à-dire à la politique de réduction de la place de la voiture de Bertrand Delanoë.

A quatorze mois des élections municipales, cette étude unique en France a un but très politique: mesurer pour tout Paris, et avec précision, l'impact des aménagements routiers réalisés depuis 2001. En d'autres termes, indiquer aux Parisiens si les couloirs de bus permettent ou non de mieux respirer. Même si certains élus reconnaissent qu'ils s'attendaient à mieux, ce chiffre de – 6% résonnera désormais comme un argument de poids pour le maire de Paris. Les élus UMP, mais aussi des membres de l'équipe municipale et même Airparif, regrettaient hier la précipitation dans laquelle ces données ont été communiquées. L'ensemble de l'étude devait en effet n'être publié qu'en janvier prochain.
« Ces résultats démontrent la pertinence de notre politique. Ils sont encore insuffisants, mais incontestables », se félicitait-on hier dans l'entourage de Bertrand Delanoë.

  • Des hypothèses de trafic. 900km de rues et 6 900 portions de rues ont été passés au crible. Pour ses calculs, Airparif s'est basé sur les chiffres transmis par la direction de la voirie de la Ville de Paris, croisés avec ses propres mesures de pollution. Les données sur l'année 2007 sont basées sur des hypothèses de trafic. «Nous avons pris 2007 car les travaux seront achevés à cette date. C'est la seule année vraiment comparable avec 2002, avant les travaux », commente-t-on au cabinet de Bertrand Delanoë.
  • Tous les quartiers ne sont pas égaux. Selon Airparif, la pollution aura baissé en 2007 sur 730 des 900km de rues et d'avenues. Sur 140km d'axes concernés par des aménagements de voirie la baisse y est parfois de plus de 50%. Le sud de Paris est particulièrement concerné par la baisse. Mais sur 20km de rues, en revanche – comme le boulevard Haussmann ou la place de Clichy -, la pollution a augmenté.
  • Le point noir : les deux-roues et les véhicules de livraison. Ce sont eux les nouveaux coupables de la pollution. L'étude s'est en effet basée sur une hausse de 25% du nombre de motos et scooters et de camions de livraison. Sans cette croissance, la baisse de la pollution n'aurait pas été de 32%, mais de plus de 40%.
  • Paris n'est toujours pas aux normes. Si la qualité de l'air s'améliore, toutes les voies de circulation étudiées par Airparif dépassent encore aujourd'hui les normes européennes, qu'il faudra respecter en 2010. Paris sera-t-il aux normes? « Il faut garder le cap. Tout dépend maintenant des électeurs », remarque Denis Baupin, l'adjoint de Bertrand Delanoë en charge des transports.

NICOLAS FERTIN

Entretien avec PIERRE KOPP, économiste, professeur à la faculté Panthéon-Sorbonne

Comment interprétez-vous les résultats de l'étude Airparif sur la pollution automobile à Paris?

Pierre Kopp Je constate que la part attribuable aux couloirs de bus dans la diminution de la pollution à l'azote est très faible. Us ne contribuent, selon l'étude, qu'à 6% de la baisse, c'est-à-dire pratiquement rien Au contraire, l'essentiel de la baisse, à hauteur de 26%, est du à l'amélioration technique des véhicules, car les moteurs sont maintenant beaucoup plus propres qu'autrefois. C'est cela qui explique l'amélioration de la qualité de l'air.Quand on voit ces résultats, on a donc envie de dire:tous ces travaux pour ça ? L'impact sur l'environnement donc sur la santé des gens de ces couloirs de bus est vraiment très minime.

L'étude montre que la pollution à l'azote baisse sur les grands axes, mais augmente de 15% Sur certaines petites rues, plus fréquentées. Qu'en pensez-vous?

P.K. C'est la conséquence négative de la politique des transports parisienne. Le trafic s'est reporté sur certaines petites rues, ce qui était prévisible. Tout cela crée des embouteillages monstres. Or, lorsqu'une voiture roule très lentement, entre 0 et 30km/h, elle pollue davantage que quand elle roule plus vite. En conséquence, j'estime que les couloirs de bus, en créant des embouteillages, ont empêché que les niveaux de pollution baissent davantage.

Certains vous reprochent de reprendre les arguments des pro-voitures.

P.K. Pas du tout. Je suis un universitaire tout à fait sérieux. Je ne suis absolument pas vendu aux fabricants de voitures. Mais je trouve qu'il ne faut pas faire dire aux études de pollution autre chose que ce qu'elles disent, et là je trouve que certains tordent un peu les chiffres en leur faveur.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARC PAYET

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