Publié le 24 juillet, 2013
1Le Parisien : Le maire bientôt maître de toute la circulation
Dans le cadre de la loi de décentralisation, Paris pourrait avoir la main sur ses grands axes pour réduire la vitesse ou limiter les files de circulation.
C’est une première en la matière : les députés parisiens de gauche et de droite ont soutenu un amendement défendu par un écologiste en matière de circulation. A l’Assemblée nationale, contre l’avis du gouvernement, ils ont voté un texte donnant les pleins pouvoirs au maire de Paris en matière de circulation.
Depuis 2002, l’Hôtel de Ville a le contrôle sur la majeure partie de la voirie parisienne. Seuls 5% restent aux mains du préfet de police qui font toute la différence puisqu’il s’agit des axes principaux de la ville : quais de Seine, Grands Boulevards, avenue des Champs-Elysées, cours de Vincennes, avenue d’Italie. Sur ces 130 voies et places, la Ville doit demander l’avis de la préfecture de police avant de prendre une quelconque mesure. Le gouvernement de François Fillon avait ainsi gelé le projet de piétonnisation des voies sur berges rive gauche.
Le Sénat doit encore étudier l’amendement
Désormais, avec l’amendement déposé par l’élu EELV Denis Baupin, Paris n’aura plus à attendre le feu vert de l’Etat pour gérer la circulation dans la capitale. Piste cyclable protégée sur l’avenue des Champs-Elysées, abaissement de la vitesse sur l’avenue Denfert-Rochereau ou le quai de Bercy : elle prendra toutes les décisions qu’elle veut.
Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, les candidates socialiste et UMP à la succession de Bertrand Delanoë, ont toutes deux plaidé chacune à leur façon pour le vote de l’amendement. « La municipalité sortante est perpétuellement dans la défausse en expliquant qu’elle n’a pas tous les pouvoirs. Moi, je revendique tous les pouvoirs pour répondre aux exigences des Parisiens », affirme Nathalie Kosciusko-Morizet. Anne Hidalgo, elle, souhaitait que la ville reconquière « ses prérogatives en matière de circulation ».
Reste une différence de taille. Aux yeux de la droite, cette mainmise sur le plan de circulation parisien suppose que la Ville récupère aussi les pouvoirs de contrôle avec la création d’une « police municipale » qui serait placée sous l’autorité du maire de Paris. Une idée que la gauche rejette catégoriquement. « Jusqu’ici nous gérions 95% de la voirie sans avoir les pouvoirs de police. En quoi les 5% restant changeraient-ils la donne? » souligne Annick Lepetit, députée PS et ex-adjointe au maire de Paris chargée des transports.
Le sujet sera sans doute débattu pendant la campagne des municipales. En attendant, l’amendement Baupin doit encore être étudié au Sénat avant de repasser devant l’Assemblée nationale. Le gouvernement tentera-t-il de l’annuler? Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a insisté auprès du Premier ministre pour que la préfecture de police garde toutes ses prérogatives. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s’était d’ailleurs rangé, dans un premier temps, aux arguments du ministre. « Bertrand Delanoë ne souhaitait pas que le transfert de compétence en matière de circulation s’accompagne des pouvoirs de police. Mais cette ambiguïté a été levée depuis », argumente-t-on au cabinet du maire pour expliquer le revirement du maire sur le sujet.
Marie-Anne Gairaud
Lire L’interview de Denis Baupin à ce sujet
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