Publié le 4 décembre, 2013
0Le Parisien – La grosse bévue d’Atomic Anne
Une bourde qui pourrait lui coûter cher. Anne Lauvergeon, l’ex-patronne d’Areva surnommée Atomic Anne dans le milieu du nucléaire, a subi un recadrage musclé de la part de Matignon hier après avoir remis en cause, le matin même sur l’antenne de France Inter, le principe d’une réduction de la part d’électricité produite par le nucléaire.
« On ne peut pas se permettre de passer de 75% à 50% d’énergie nucléaire d’ici à 2025 comme il avait été annoncé, affirmé Anne Lauvergeon, faisant allusion à l’une des promesses de campagne de François Hollande. C’est quelque chose qui poserait un problème grave car cela voudrait dire arrêter une vingtaine de réacteurs. Je ne pense pas que cela soit réaliste aujourd’hui, ni sur le plan économique, ni sur le plan pratique. »
Une question de délai, pas d’objectif
Interrogée par le journaliste Patrick Cohen, qui lui demandait si elle considérait la promesse de Hollande comme caduque, Atomic Anne a modéré son propos. « Abandonnée non, mais on n’est plus sur une date mais sur un but. » Las. Les réactions ont fusé. « Je m’inscris en faux par rapport à cette déclaration et je maintiens l’objectif, a répondu le ministre de l’Energie, Philippe Martin. Le report est peut-être dans la tête de Mme Lauvergeon, mais pas dans la mienne. Mon objectif reste celui fixé par le chef de l’Etat. »
De son côté, le député écologiste Denis Baupin a estimé qu’Anne Lauvergeon privilégiait « les industries du passé » et a dénoncé « une forme de mépris du travail de tous ceux qui ont élaboré des scénarios énergétiques qui montrent comment la France peut passer à 50% de nucléaire en 2025 ».
« Les engagements du président formulés lors de la conférence environnementale seront bien évidemment respectés », a-t-on insisté dans l’entourage de François Hollande. L’ancienne sherpa de François Mitterrand est aujourd’hui à la tête d’une commission baptisée Innovation 2030. Elle s’affichait encore au côté du chef de l’Etat lundi pour le lancement d’un concours mondial de l’innovation.
Erwan Benezet