Le Parisien – Décentralisation des amendes de stationnement : Pourquoi les villes y tiennent

Ils prêchaient dans l’indifférence depuis plus de dix ans. Et en quelques mois, les supporteurs de la dépénalisation des amendes ont retourné l’opinion grâce à un argumentaire simple. Citoyens, Etat, collectivités locales… Selon eux, tout le monde a intérêt à la fin des PV de stationnement sous leur forme actuelle.

« Cela ne changera rien pour les automobilistes honnêtes qui paient leur stationnement, explique Denis Baupin, député EELV et ancien adjoint au maire de Paris en charge des transports. Si nous avons souhaité modifier le système, c’est notamment pour mieux lutter contre la fraude en rendant les amendes plus dissuasives. » Pour l’élu, les « fraudeurs », ceux qui oublient de payer leur parcmètre, squattent indûment des places qui pourraient profiter aux gens « honnêtes ». « Mieux réguler le stationnement en surface permettra aux automobilistes de trouver plus facilement une place », assure ainsi Denis Baupin.

Fini le PV de 17 € déposé sur le pare-brise partout en France. Bientôt, les contrevenants recevront une facture, qui variera selon les villes, directement dans leur boîte aux lettres.Fini le PV de 17 € déposé sur le pare-brise partout en France. Bientôt, les contrevenants recevront une facture, qui variera selon les villes, directement dans leur boîte aux lettres.Photo : (LP/Arnaud Dumontier.)

Mais l’enjeu pour les collectivités est surtout financier. « A Paris, 95% des automobilistes ne paient pas, ce qui équivaut à une perte de 300 M€ chaque année pour la Ville », avance Denis Baupin. De l’argent dont on manque cruellement pour financer des rénovations de routes ou de nouvelles lignes de bus.

Argument écologique

Alors que Paris subissait encore hier un pic d’alerte à la pollution, l’intérêt, pour le président de l’Association des maires des grandes villes de France et maire PS de Grenoble, est aussi écologique. « Il existe aujourd’hui des parkings relais en périphérie des agglomérations où l’on peut laisser sa voiture et prendre les transports en commun pour se rendre dans l’hyper centre, explique Michel Destot. Si malgré tout vous faites le choix de garder votre voiture, plus vous vous rapprochez du centre-ville, plus le prix de stationnement augmente. » L’instauration de cette nouvelle redevance permettra aux élus, qui auront la main sur le prix du forfait horaire, de rendre l’accès à leur centre urbain encore plus cher. « Ce serait comme une sorte de péage à l’entrée des villes », résume l’élu socialiste.

par B.c. Et F.m.