Publié le 6 janvier, 2008
0Le Journal du Dimanche : Denis Baupin: « Taxer le périph' »
Les trois mesures que vous prendriez en priorité ?
D'abord, nous poursuivrons le tramway jusqu'à la porte d'Asnières et la place de la Nation, et nous lancerons un tramway des gares. Ensuite, nous mettrons en place un Revenu parisien universel qui complétera les minima sociaux, pour qu'aucun Parisien ne soit au-dessous du seuil de pauvreté (815 euros par mois). Enfin, nous créerons une carte fruits et légumes qui permettra aux bénéficiaires à faibles revenus de pouvoir acheter 40 euros de fruits et de légumes bio par mois.
Mais Bertrand Delanoë propose aussi des mesures écolo…
En matière d'écologie, méfiez-vous des contrefaçons. Croyez-vous que le bilan de ces sept années aurait été le même si les Verts n'avaient pas été aux responsabilités ? Nous avons assumé le risque d'impopularité quand il a fallu faire preuve de volonté politique. Ce n'est pas Delanoë qu'on a traité d'ayatollah ou de Khmer vert ! Sur le tramway des Maréchaux, Delanoë veut bien aller jusqu'à la porte d'Asnières si l'Etat finance. Nous, on ne veut pas dépendre du choix de Sarkozy.
Que proposez-vous d'autre en matière de transports ?
Nous sommes favorables à ce que Paris participe au financement de la rocade de métro en Petite Couronne. Nous voulons créer une ligne de minibus dans chaque arrondissement, piétonniser les voies sur berge dès 2010, supprimer la circulation de transit rue de Rennes et rue de Rivoli pendant la journée. On souhaite limiter la vitesse à 30 km à l'heure, sauf sur les grands axes, et à 70 km à l'heure sur le périphérique. On veut réserver une voie aux bus, taxis, véhicules propres, covoiturage et véhicules d'urgence sur le périphérique et les autoroutes franciliennes. On entend rendre ces axes payants pour financer les transports collectifs. On défend aussi la création d'un Pass mobilité qui permettrait l'accès aux transports collectifs, à Vélib', à deux courses de taxi par mois à tarif réduit, à un dispositif d'autopartage… Ce Pass serait gratuit pendant un an pour toute personne qui abandonne sa voiture.
Le logement fait aussi partie de vos domaines prioritaires…
La priorité absolue doit être donnée au logement, notamment par rapport aux bureaux. C'est pour cela que nous sommes contre les tours de bureaux. La modernité, c'est de faire des éco- quartiers de logements sociaux. Nous voulons créer 9 000 logements sociaux de plus par an. Nous demandons que la loi de réquisition de logements vides appartenant à des sociétés soit appliquée et que les loyers soient encadrés.
Ne souffrez-vous pas d'un manque de notoriété ?
Il existe un déséquilibre médiatique. On parle beaucoup de certains candidats parce qu'ils sont très impliqués dans les bagarres internes du PS au niveau national… Je pense que le CSA devra se pencher sur l'équité entre les têtes de listes à Paris. Il est vrai que nous n'avons pas non plus la même vision du pouvoir que les socialistes. On n'est pas dans la course à la notoriété individuelle comme l'est visiblement le maire de Paris.
Certains Verts reprochent à Bertrand Delanoë de s'attribuer la paternité du tramway ou de Vélib'…
Nous ne prétendons pas que tout s'est fait par l'action des Verts. Mais on n'a pas envie d'être étouffés par des partenaires qui ont une culture hégémonique. D'ailleurs, leurs alliés du premier tour se plaignent. Et au sein même du PS, on assiste à de sordides règlements de comptes. Quand on ose nous dire qu'il y a des bagarres de courants chez les Verts… Eux y vont à la serpe pour éliminer ceux qui ne sont pas dans la ligne Delanoë. A côté, on est les Bisounours.
Six élus ont quitté le groupe Vert à l'Hôtel de Ville, cela ne traduit-il pas un malaise ?
Cela traduit une crise de croissance des Verts. On est passé d'un à vingt-trois Verts au Conseil de Paris entre la mandature précédente et celle-ci. Tous pouvaient avoir envie de continuer, mais d'autres aussi étaient légitimes. Parmi ceux qui n'ont pas été reconduits, certains ont préféré aller voir l'épicerie d'à côté. Et il y a eu du débauchage. Ce qui est vrai, c'est qu'on ne sait pas encore bien gérer les désignations, cela crée des drames humains. Mais on est en train de changer. On a un référendum en cours pour modifier notre fonctionnement. On apprend !
*Sondages CSA pour le Nouvel Obs Paris et Ifop pour Paris Match
Propos recueillis par Marie QUENET