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Publié le 19 juillet, 2013
0Le Figaro – Débat sur l’énergie : le Medef fait un nouveau coup d’éclat
Après avoir menacé de rejeter le texte, il a obtenu de transformer des « recommandations » en « synthèse ».
Ce devait être une journée calme, concluant les huit mois du Débat national sur la transition énergétique, avant de passer à l’étape législative. Ce fut finalement une journée à rebondissements et pleine de tension. Et le trublion fut le Medef.
Le « conseil national » du débat, instance d’une centaine de représentants de sept collèges (patronat, syndicats, associations, élus…), devait entériner le texte final : « 15 recommandations pour la transition énergétique de la France », avant de le transmettre au gouvernement.
Mercredi soir, coup d’éclat du Medef associé aux autres organisations patronales, l’Union professionnelle artisanale (UPA), la CGPME et la FNSEA (agriculteurs). Le patronat refuse d’endosser le texte final. La raison : trop de désaccords majeurs. À l’issue de tractations de couloirs et d’une relecture collective du texte rappelant furieusement les négociations internationales sur le climat – dont la diplomate Laurence Tubiana, animatrice du Débat national, est une habituée -, le texte a été rebaptisé « synthèse du débat » et les 15 recommandations sont devenues autant d’« enjeux ». Michel Guilbaud, le directeur général du Medef, a déclaré « prendre acte » de ce texte qui met en exergue les principaux désaccords.
Le Medef s’oppose notamment à l’objectif de diviser la demande d’énergie par deux d’ici à 2050 jugé irréaliste. « C’est pourtant aussi un objectif affiché par l’Allemagne et la Grande-Bretagne », rétorque le député écologiste Denis Baupin, très mobilisé tout au long du débat.
L’essor des gaz de schiste au coeur du débat
Autre point de désaccord : l’épuisement des hydrocarbures souligné par le document. Le Medef lui reproche d’ignorer l’essor des gaz et pétrole de schiste aux États-Unis et la découverte de nouvelles ressources d’hydrocarbures dans le monde. Le patronat a bataillé tout au long des huit mois pour défendre l’exploitation du gaz de schiste en France avant que François Hollande ne confirme, le 14 juillet que même « l’exploration » de gaz de schiste resterait interdite durant son quinquennat.
Sur le nucléaire, le Medef, hostile à l’objectif de 50 % de François Hollande en 2025, a souhaité qu’on ne puisse pas fermer des centrales uniquement « pour des raisons politiques ».
Le financement de la transition énergétique, que le document chiffre à 2 000 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2050, avec un gain net cumulé évalué entre 300 et 1 000 milliards selon les scénarios, est jugé trop flou par les patrons et la fiscalité écologique vue avec méfiance. Sur ce dossier sensible, le comité dirigé par l’économiste Christian De Perthuis rendait ses propositions jeudi après-midi au gouvernement.
Malgré ces divergences portant sur des points essentiels, le Medef adhère aux conclusions du Débat national sur l’une des principales priorités : l’efficacité énergétique qui peut être « l’un des ressorts de la croissance ».
« Un débat national ne remplace pas le gouvernement », a conclu le nouveau ministre de l’Écologie, Philippe Martin, lors de sa brève intervention jeudi matin. La future loi de programmation sur l’énergie doit être présentée à l’automne.
Fabrice Nodé-Langlois