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Publié le 6 janvier, 2011

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« Le débat écologique, victime d’un verrouillage politique »

Interview sur le JJD.fr du 5 janvier 2011.

Alors que Le Parisien affirme que l’Etat pourrait autoriser une exploitation plus importante des 90 millions de tonnes de pétrole présents dans le sous-sol français, Europe Ecologie-Les Verts dénonce les pollutions à venir. Interrogé mercredi par leJDD.fr, Denis Baupin, élu parisien chargé du dossier de l’empreinte écologique au sein du mouvement, déplore le « laisser-faire » de l’exécutif. « En France, toutes les politiques utiles, comme l’écologie, sont sacrifiées par l’Etat au bénéfice de la conservation du pouvoir« , déclare-t-il.

Dans son édition de mardi, Le Parisien nous apprend que plusieurs dizaines de demandes de permis de recherche, pour sonder le sous-sol hexagonal, ont été déposées l’an dernier. Craigniez-vous que l’Etat valide ces projets de forage qui ont, pour objectif à moyen terme, l’exploitation de ressources fossiles?

Europe Ecologie-Les Verts le redoute, d’autant que l’exécutif tient un double discours insupportable. D’un côté, il donne de l’espoir avec la mise en place du Grenelle de l’environnement et de belles déclarations aux sommets de Copenhague puis de Cancun sur le climat. De l’autre, il ne respecte pas ces effets d’annonce, méprise ses engagements et, au final, se trouve responsable de dégâts écologiques conséquents. Ces derniers mois, les signes de cette contradiction se sont multipliés: baisse des prix de rachat de l’électricité produite par l’énergie photovoltaïque, soutien financier à Areva et à ses projets d’EPR [réacteurs nucléaires de nouvelle génération, Ndlr], suppression des aides de développement à l’éolien…

Le ministère de l’Ecologie a déjà accordé des permis d’exploitation, parfois près de zones protégées…

Ces projets visent à éclater de la roche mère en profondeur pour avoir accès aux poches d’hydrocarbures. Autrement dit, le procédé est dangereux et risque de provoquer des pollutions dans les nappes phréatiques supérieures. Un sol pollué sans aucune consultation locale ou nationale. Car, s’il y a une menace environnementale -à commencer par le fait que certains forages se trouvent à proximité de parcs naturels régionaux (*)-, le débat écologique est surtout victime d’un verrouillage politique en France. Résultat: à l’heure où le monde entier, y compris la Chine et les Etats-Unis, investit massivement dans les énergies renouvelables, nous sommes le plus mauvais élève de la classe.

Nicolas Sarkozy a tout de même fait de l’écologie l’une de ses priorités en 2007, faisant de son ministre dédié à cette tâche, Jean-Louis Borloo, son numéro 2…

Et ce, à des fins purement électoralistes. C’est bien simple: en France, toutes les politiques « utiles » -sociale, environnementale, sanitaire…- sont sacrifiées par l’exécutif au bénéfice de la conservation du pouvoir. En 2007, dès qu’il est arrivé à l’Elysée, le président de la République a fait adopter un paquet fiscal, qui, outre le bouclier du même nom, a fait perdre près de quinze milliards d’euros à l’Etat. Nicolas Sarkozy privilégie le pétrole à l’éolien en raison de la crise, le premier coûtant moins cher selon lui? Ce n’est qu’une excuse, un masque politique qui cache un avenir alarmant pour nos enfants. Depuis que la France a opté pour le nucléaire, il n’y a pas de volonté politique en faveur des énergies renouvelables et, par extension, de la protection de l’environnement. Pour preuve, cette phrase prononcée par le locataire de l’Elysée il y a quelques mois: « L’environnement, ça commence à bien faire. »

La course à la présidentielle de 2012 est en train d’être lancée. A part Europe Ecologie-Les Verts, les autres formations politiques sont-elles réceptives aux problématiques écologiques?

Malheureusement, aucun parti majeur ne semble s’intéresser à ces questions. Les initiatives du PS et de l’UMP en 2007 étaient avant tout motivées par le coup de projecteur de Nicolas Hulot [qui avait forcé l’ensemble des présidentiables a signé un ‘pacte écologique’ pendant la campagne, Ndlr]. De l’esbroufe qui est vite retombée. L’UMP n’est pas le seul concerné. Je fréquente les socialistes depuis suffisamment longtemps [Denis Baupin est adjoint chargé du développement durable et du plan climat au sein de la mairie PS de Paris, Ndlr] pour ne plus me faire d’illusions. La culture écologique n’a pas pris dans la classe politique et toute avancée ne s’obtient que par les rapports de force. Mais Europe Ecologie-Les Verts portera son projet en essayant de créer un débat, notamment sur ce retour improbable vers le pétrole. Certes, nous ferons des alliances avec le parti qui semble le moins éloigné de nos valeurs, car nous n’allons pas attendre d’être majoritaire pour agir. Mais notre seule présence dans le paysage politique actuel prouve que les Français ne délaissent pas l’écologie. Contrairement à ce qu’affirme le président de la République.

(*) Ceux des Landes de Gascogne (au niveau du bassin d’Arcachon), de la Lorraine, des gorges du Verdon ou du Haut-Jura sont directement concernés.

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