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Publié le 5 février, 2013

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L’Alsace : Des clés pour ouvrir le débat sur la transition énergétique

Des élus écologistes et socialistes, locaux, régionaux et européens, des syndicalistes CFDT et CGT, des responsables associatifs ont exposé leur vision de la transition énergétique à quelque 250 participants venus de toute l’Alsace.
Consommer moins d’énergie et la produire autrement, c’est urgent. Comment s’y prendre ? Samedi à Sélestat, le forum public d’Europe Écologie-Les Verts a posé les jalons d’un débat qui concerne tout le monde.

« En Alsace, construire la transition énergétique et fermer Fessenheim » : l’intitulé du forum était clair. Europe Écologie-Les Verts Alsace (EELV) avait invité une douzaine d’élus, associatifs et syndicalistes à présenter, en quatre heures, les enjeux de la transition énergétique. Des exposés très pédagogiques pour affiner la réflexion et les arguments, pour nourrir les futurs débats. Une approche engagée bien sûr : il ne s’agissait pas d’opposer les pronucléaires et les antinucléaires, ni d’étaler les divergences entre EELV et le PS. Mais d’impulser une dynamique en faveur de la transition écologique et de nouer le dialogue avec les syndicats.
Fermer Fessenheim : immédiatement, pour des raisons de sécurité, argumente André Hatz, de Stop Fessenheim. À la fin 2016, selon les engagements de François Hollande, rappellent des élus écolos. Dans la salle, des salariés de la centrale, dont le cégétiste Jean-Luc Cardoso, protestent. Ils défendent leurs emplois et estiment que le nucléaire est une solution aux problèmes d’émissions de CO2.
L’emploi et la justice sociale sont aussi leurs préoccupations, rappellent élus EELV et antinucléaires, qui proposent d’implanter à Fessenheim une unité de fabrication d’éoliennes, une autre de production de chaleur par récupération de CO2. Pour amorcer la conversion énergétique et créer des emplois. Ils sont d’accord avec Sabine Giess, secrétaire générale de la CFDT Alsace : « Ce n’est pas aux salariés de payer la transition écologique. » Et avec Raymond Ruck, secrétaire général de la CGT Alsace : « Il y a du chemin à faire ensemble. »
Jacques Fernique, conseiller régional EELV appelle à « arrêter l’affrontement pour que tout le monde participe à la transformation ».
« La transition est une obligation et une opportunité », explique Denis Baupin, député EELV, vice-président de l’Assemblée nationale. Une obligation face au dérèglement climatique : « Il est urgent de réduire les gaz à effet de serre. Sans quoi on va droit dans le mur, même la Banque mondiale le reconnaît. » Le pétrole se fait rare, son prix augmente, avec des conséquences économiques et sociales graves, dont la précarité énergétique.
La transition est aussi une obligation pour des raisons de sécurité : « L’ASN reconnaît qu’un accident nucléaire majeur est possible en France. Cela coûterait 600 à 1 000 milliards d’euros, non pas aux assureurs, mais à la collectivité. Il y a nécessité de passer des énergies fossiles et fissiles aux renouvelables décentralisées. »
La transition est aussi une opportunité en période de crise économique, pour Denis Baupin : « Un ménage français consomme 40 % d’électricité de plus qu’un ménage allemand. À cause du chauffage électrique. Il faut faire des efforts d’efficacité énergétique pour réduire la consommation et stabiliser les factures des consommateurs. Il faut investir dans les secteurs créateurs d’emplois : le nucléaire en France représente 120 000 emplois quand les énergies renouvelables occupent 370 000 personnes en Allemagne. »
La transition, c’est la transformation individuelle et collective de notre mode de vie et de la démocratie, dit Jo Spiegel, vice-président de la M2A, la communauté d’agglomération mulhousienne, et maire de Kingersheim : « L’élu doit en être le catalyseur, face aux peurs et aux résistances. »
Des communes ont déjà pris des initiatives. Ungersheim par exemple, qui a su attirer sur une friche minière la plus grande centrale photovoltaïque d’Alsace, qui a créé une exploitation maraîchère bio et construit une cuisine centrale pour alimenter les cantines du secteur.
Ou Saâles, commune très pauvre de la vallée de la Bruche, qui a investi dans une chaudière à bois alimentant un réseau de chaleur urbain, qui compte un grand nombre de panneaux solaires thermiques, une boulangerie et un village de vacances aux normes BBC, une maison de retraite en autonomie énergétique… Saâles qui depuis dix ans bataille avec ses voisins pour installer six éoliennes.
Cette transformation est urgente : « N’attendons pas 50 ans », prévient Gilles Lara, directeur d’Alter Alsace Énergie, association qui depuis 30 ans fait la promotion des énergies renouvela-bles et de la maîtrise de l’énergie. Elle exige du temps : « Il faut quatre à huit ans pour changer les comportements. » Sobriété et efficacité énergétiques visent tous les domaines du quotidien : électroménager, alimentation, chauffage, construction et rénovation des bâtiments, déplacements… Alter Alsace Énergie prépare un scénario NégaWatt pour notre région : diviser par 16 d’ici 2025 les émissions de gaz à effet de serre (le schéma régional vise une division par 4) et aller vers l’autonomie énergétique 100 % renouvelable. « La Région Alsace projette de tester ce scénario cette année. »
« Les Régions sont là pour enclencher la transition, inventer des solutions dans la politique du logement, de l’aménagement du territoire », complète Hélène Gassin, conseillère régionale d’Ile-de-France. En cohérence avec les objectifs européens, ajoute Sandrine Bélier, députée européenne qui a poussé à la création de nouvelles aides européennes en faveur de la transition énergétique.
Un débat national et régional

Le gouvernement a lancé le débat national sur l’énergie le 29 novembre à Paris, entre experts et à huis clos. Son but : engager la transition énergétique, fondée sur la sobriété, l’efficacité et le développement des énergies renouvelables, et plus globalement dans la transition écologique, en les inscrivant dans les cadres européen et international.
Ce débat devrait s’ouvrir en mars dans les régions, selon des modalités encore inconnues et à tous les citoyens par le biais d’un site internet dédié. Pour déboucher sur un projet de loi.

par Élisabeth Schulthess

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