Doctissimo.fr - 16 septembre 2010

La Ville de Paris s’investit dans la santé environnementale - Denis Baupin


Maire adjoint 2001 - 2012 no image

Publié le 21 septembre, 2010

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La Ville de Paris s’investit dans la santé environnementale

Doctissimo.fr – 16 septembre 2010

A mesure que le bisphénol A, les pesticides et autres dioxines s’invitent dans les médias, les citoyens s’inquiètent, à juste titre, de leur impact sur leur santé. C’est pourquoi la Ville de Paris a décidé d’innover en plaçant la santé environnementale au coeur de sa politique de santé publique: création d’une cellule de conseil en santé et environnement, campagnes de mesures dans les établissements scolaires, étude portant sur la santé respiratoire de 4 000 petits parisiens. Zoom sur une politique de santé publique innovante.

Encore balbutiante, la recherche sur l’impact de notre environnement sur notre santé n’en est pas moins active. Bien des doutes subsistent sur la toxicité de nombreuses molécules présentes dans notre environnement. Par exemple, le bisphénol, que l’on trouvait dans les biberons en plastique, est suspecté de provoquer des cancers et des dysfonctionnements de l’appareil reproducteur. Et c’est la même chose pour les dioxines, les pesticides , les ondes, etc.

Une politique innovante et ambitieuse

A l’échelle nationale, le Grenelle 2 laisse espérer une prévention accrue des risques environnementaux sur notre santé. A l’échelle municipale, la Ville de Paris a elle aussi décidé de faire de la santé environnementale une des priorités de sa politique de santé publique. Pour Jean-Marie Le Guen, Adjoint chargé de la Santé Publique et des relations avec l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris et député du XIII arrondissement, « les politiques municipales modernes se doivent de prendre en charge les préoccupations environnementales des citoyens ».

Même son de cloche du côté de Denis Baupin, Adjoint au Maire de Paris, chargé du développement durable, de l’environnement et du plan climat : « notre environnement ne doit pas être à l’origine d’une réduction de notre durée de vie. D’où notre volonté d’améliorer la qualité de l’environnement et la qualité de vie de nos citoyens. » Ainsi, à l’occasion du centenaire du Laboratoire d’hygiène de la Ville de Paris ont été annoncées plusieurs mesures destinées à identifier et dans la mesure du possible, réduire, les sources potentielles de polluants nocives pour la santé :
– La création d’une cellule de conseil en santé et environnement intérieur.
– La poursuite d’une campagne de mesures de la qualité de l’air dans les établissements scolaires.
– Le lancement de la deuxième phase de l’étude sur la santé respiratoire de 4000 petits parisiens.

Conseiller les personnes les plus vulnérables

Initiative originale dont Jean-Marie Le Guen est à l’origine, cette cellule de conseil est une première. Normalement opérationnelle dans les semaines à venir, cette cellule a pour objectif ambitieux de mesurer de la manière la plus exhaustive possible toutes les sources de pollution à domicile. D’après l’entourage du député, seules les personnes les plus vulnérables seront concernées dans un premier temps. En pratique, des personnes suivies par un service de pneumologie à l’hôpital (asthmatiques et allergiques souffrant de troubles graves) se verront remettre une prescription médicale pour effectuer des mesures à son domicile. Puis, un conseiller issu de cette cellule sera chargé de coordonner l’enquête au cours de laquelle les habitudes de vie du bénéficiaire seront analysées.
Ensuite, des ingénieurs municipaux se rendront au domicile du bénéficiaire pour effectuer les mesures sur l’ensemble des sources potentielles de polluants. Au final, l’objectif est de fournir un véritable conseil aux bénéficiaires via toute une série de préconisations pour éradiquer les sources potentielles de polluants. « C’est une cellule de conseil dont la vocation est d’assurer un suivi à moyen terme des patients », assure le cabinet de Jean-Marie Le Guen.

Mesurer la qualité de l’air dans les établissements scolaires

Autre pan de cette politique tournée vers la santé environnementale, la mesure de la qualité de l’air dans les établissements scolaires. En 2008, d’après une étude européenne, deux écoliers sur trois respiraient un air pollué. Pas de quoi rassurer les parents…

En septembre 2009 la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno, lançait une vaste campagne pilote de surveillance de la qualité de l’air dans les écoles et crèches dans 160 établissements dans 13 régions. Même si la plupart des établissements présentaient une qualité de l’air correcte ou excellente, 8 % des établissements présentent de forts taux de benzène et/ou de formaldéhyde, les deux polluants mesurés dans le cadre de cette campagne. Depuis la rentrée 2010, la deuxième phase de cette campagne est lancée : 150 établissements supplémentaires situés dans les autres régions françaises seront visités. Au total, 310 établissements seront donc inspectés. A noter que l’Ile-de-France fait partie des régions qui travaillent en collaboration avec le ministère durant toute la durée de cette campagne.

Parallèlement à cette campagne nationale, la Ville de Paris a décidé d’aller plus loin en constituant un panel réellement ambitieux. Toujours selon le cabinet du député, « l’échantillon parisien va inclure beaucoup plus d’établissements par rapport à la campagne nationale. »

Evaluer la santé respiratoire des enfants parisiens

Enfin, pour compléter ce dispositif, un projet pour le moins ambitieux, « pour ne pas dire audacieux », d’après le Pr Isabelle Momas, de la Faculté de pharmacie de Paris, en charge de l’étude portant sur la santé respiratoire des enfants dans la ville. Pour étudier en détail l’influence de l’environnement sur la santé respiratoire des petits parisiens, une cohorte de quelque 3840 enfants a été constituée. La cohorte PARIS (pour Pollution and Asthma Risk: an Infant Study), devrait permettre de mieux appréhender les relations entre pollution et santé respiratoire des enfants.

Recrutés entre février 2003 et juin 2006, les enfants seront suivis durant jusqu’à l’âge de 7 ans. Des bilans de santé plus ou moins poussés sont pratiqués régulièrement (pratiquement chaque mois jusqu’à un an, puis environ tous les ans). Parallèlement à cela, les parents sont interrogés sur leurs habitudes de vie (fréquence nettoyage, d’aération, etc.) et leur intérieur (nature du chauffage, des revêtements au sol et au mur, composition et ancienneté des meubles, etc.).

Des résultats partiels pour le moment

Pour le moment, l’étude permet surtout d’obtenir des données intéressantes sur l’évolution des pathologies respiratoires chez les jeunes enfants. En particulier, il s’agit d’arriver à mettre en évidence le plus tôt possible des symptômes évocateurs (sifflements persistants, toux nocturne, gêne respiratoire) de l’asthme. Par ailleurs, s’il n’y a pas de consensus sur le sujet, les chercheurs se sont demandés si la rhinite allergique, elle aussi un facteur de risque important pour l’asthme, existe à 18 mois (voir résumé en anglais). En effet, à l’occasion du bilan des 18 mois, 9,1 % des enfants de la cohorte présentaient des symptômes évocateurs de la rhinite allergique (éternuements en salve, écoulements nasaux clairs et nez bouché, sans infections). Est-il pour autant possible de diagnostiquer une rhinite allergique ? L’enjeu est primordial car le cas échéant, il serait donc possible d’orienter les parents vers un médecin pour traiter le plus précocement possible cette pathologie.
Par ailleurs, grâce à des prélèvements effectués sur un sous-échantillon de la cohorte, les chercheurs ont pu déterminer que le risque d’infections des voies inférieures basses (bronchite aigüe ou chronique et pneumonie) et les infections sifflantes sont majorés de 30 % dans les logements présentant une concentration de formaldéhyde supérieure à la valeur seuil (qui correspond au niveau médian, soit 19 µg/m³). Mais surtout, plusieurs  facteurs  ont été déterminés, comme le rôle protecteur de l’allaitement maternel ou les effets délétères d’un âge précoce d’entrée en crèche (6 mois), le sexe (les garçons sont plus touchés que les filles), la présence de meubles récents, de parquet vitrifié, etc.

De nombreuses pistes restent à explorer pour les chercheurs : arriver à modéliser l’exposition aux composés organiques volatiles et mesurer cet impact, exploiter les données accumulées jusqu’à l’âge de 4 ans (notamment l’impact de l’exposition au trafic automobile), poursuivre le bilan à 7 ans, etc.
« Ces dispositifs mis en place sont tout à fait novateurs en France. Il est vrai que notre municipalité a la chance d’avoir plus de moyens que d’autres », se félicite Denis Baupin. Reste encore à pouvoir mettre en relation l’exposition aux polluants dans les établissements scolaires, à domicile, dans l’alimentation, dans la rue, ce qui n’est pas aisé… La recherche sur la santé environnementale a de beaux jours devant elle !

Yamina Saïdj, le 16 septembre 2010

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