Publié le 3 octobre, 2014
0« La plus dangereuse de toutes »
Rapporteur de la loi sur la transition énergétique, le député écologiste Denis Baupin appelle François Hollande à tenir sa promesse.
Ségolène Royal a reconnu que le sort de la centrale de Fessenheim n’était pas tranché. Est-ce un revirement ?
Denis Baupin. D’un point de vue juridique, ce que dit Ségolène Royal est juste, car il appartient à EDF d’évaluer les conséquences de l’arrêt de tel ou tel réacteur et de décider lesquels doivent être fermés. Mais cela fait trois ans que le sujet est sur la table. Et la fermeture de Fessenheim était un engagement du président de la République. Cette promesse doit être tenue.
Pourquoi s’arc-bouter sur la centrale alsacienne alors qu’EDF a soumis l’idée de fermer d’autres réacteurs à la place ?
Pour limiter localement l’impact économique de la mise à l’arrêt d’une installation complète, on peut être tenté de ne fermer qu’un réacteur ici ou là. Mais cette logique ne répond pas au souci prioritaire de sûreté. Fessenheim est la plus dangereuse de toutes en cas d’accident. Elle est située au-dessus de la nappe phréatique la plus importante d’Europe. Si cette nappe venait à être contaminée, cela toucherait des centaines de milliers de personnes ! Et, comme la centrale est située 9 m au-dessous du canal d’Alsace, elle serait complètement inondée en cas de tremblement de terre. D’autant que le risque de séisme dans la zone a été sous-estimé lors de la construction du site. Pour toutes ces raisons, c’est Fessenheim qu’il faut fermer en priorité.
Pourquoi cette fermeture n’est-elle pas inscrite dans la loi ?
Parce que, dans ce cas de figure, il faudrait repasser par une loi à chaque fois que l’on veut fermer d’autres centrales, ce qui serait ingérable. Or, si l’on veut réduire la part du nucléaire à 50 % d’ici à 2025, il y aura probablement une vingtaine de réacteurs à fermer.
Propos recueillis par Erwan Benezet et Frédéric Mouchon | 2 oct. 2014