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Publié le 18 mars, 2007

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JOURNAL DU DIMANCHE : Baupin lâche ses coups

Les écolos et les maires de banlieue concernés par la circulation et les bouchons pourront en faire leur bible. Les autres, dubitatifs ou opposants, noteront que Denis Baupin ne connaît pas l'autocritique. On n'y trouve en effet aucune explication sur la genèse des aménagements ratés, comme les pistes cyclables longeant le tramway des Maréchaux ou le boulevard Saint-Marcel.

Dans une première partie,  Denis Baupin fait le tour des problèmes que la voiture pose aux villes et au monde. Crise pétrolière, effet de serre, villes « cannibalisées » par la voiture, pollution de l'air et nuisances sonores (« poumons noirs et nuits blanches »), le bilan dressé est sévère. Et le jugement sans appel: l'automobile est vouée à « un déclin inéluctable ». L'un des chapitres les plus enlevés, qui devrait faire pétiller la polémique et fâcher  un peu plus ses adversaires, est consacré au « lobby automobile ». Le couplet dénonçant ses « soldats », comme Christian Gerondeau, le président de la Fédération des automobiles clubs, était prévisible. Les pages sur les « mercenaires » du lobby sont plus inattendues et certainement plus risquées. Journalistes, sondeurs, intellectuels, scientifiques, Denis Baupin donne les noms des « anti-écolos primaires ». Il liste les dérapages déontologiques, brocarde la « classe dirigeante » qui ne connaît pas le métro, accuse les médias, qui le « caricaturent », de collusion avec les constructeurs, leurs premiers annonceurs publicitaires. D'où la proposition d'une sorte de « loi Evin» pour réglementer la publicité automobile, qu'il accuse de propager le sexisme et de démolir les « valeurs collectives ».

C'est parfois assez drôle. Il raconte les bévues de Françoise de Panafieu, les cris du coeur anti-métro des « barons» socialistes, avec une mention spéciale pour le maire du 20ème, Michel Charzat, qualifié de « lugubre ». Il s'en prend à la « monoculture automobile obsessionnelle » du ministère de l'Equipement, aux certitudes du corps des Ponts « et surtout des Chaussées » (Denis Baupin est ingénieur, mais de l'Ecole centrale), aux élus « accros à l'automobile » et coupés de la demande sociale.

Il réserve un sort particulier aux chercheurs qui prétendent à l'impartialité tout en ayant partie liée avec des industriels du secteur. Et notamment ceux qui participent aux travaux de l'Institut pour la ville en mouvement, un « think tank » financé par le groupe PSA Peugeot Citroën. « Le fait d'être rattaché au lobby automobile n'invalide pas forcément leurs thèses. Mais qu'au moins chacun débatte à visage découvert. » Quant aux deux chercheurs qui avaient affirmé, chiffre en main, que sa politique avait accrue la pollution la Paris, ce qui s'est révélé faux par la suite, ils sont traités de « pieds-nikelés ». Denis Baupin décline aussi son programme : plan Marshall pour les transports, navettes fluviales, minibus de quartier, nouvelle ligne de tramway, réforme des tarifs et péages sur les voies rapides franciliennes. Un vrai programme électoral.

Antoine Debièvre

Tout voiture, no future, L'archipel, 304 pages, 18,95 euros

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