Publié le 9 septembre, 2011
0JDD : PS-EELV : quand la primaire pèse sur les négociations
Jeudi 8 septembre 2011.
Mercredi, le Parti socialiste et Europe Ecologie – Les Verts (EELV) ont repris le chemin des discussions en vue d’un futur contrat de gouvernement. Mais la primaire socialiste, et l’attitude du représentant de François Hollande lors de la réunion, a quelque peu compliqué les choses. « Le candidat ou la candidate qui sera désigné(e) aura quand même son mot à dire », juge l’organisateur de la campagne du député de Corrèze, Stéphane Le Foll, joint par leJDD.fr.
Socialistes et écologistes se sont retrouvés « dans un esprit de rentrée des classes », raconte au JDD.fr Laurence Rossignol, secrétaire nationale à l’environnement au PS. « On a réuni la plénière, fait le point sur les rapports d’étape des différents groupe de travail qui doivent dégager des orientations communes », explique la socialiste. « Indépendamment de nos divergences, on réfléchit à un large espace de convergences pour gouverner ensemble », poursuit Denis Baupin, responsable des négociations côté Europe Ecologie – Les Verts. Une réunion de rentrée qui a également permis de fixer le calendrier : « D’ici le 16 octobre (deuxième tour de la primaire PS, ndlr), on va travailler à l’écrit. La vraie phase de négociations commencera après », précise Denis Baupin, qui ajoute que l’accord global sur le futur contrat de gouvernement doit intervenir début novembre.
La primaire socialiste a d’ailleurs été largement évoquée mercredi. Et elle a quelque peu compliqué les discussions. Le représentant de François Hollande, Vincent Feltesse, en charge de la campagne numérique de l’ancien premier secrétaire du PS, a en effet pris ses distances avec le processus. « Il a rappelé que (ce dernier) ne liait pas forcément le gagnant de la primaire. Qu’il pouvait être un peu bousculé », raconte au JDD.fr un participant socialiste. « Les Hollandais jettent un froid… Remise en cause du travail programmatique commun effectué depuis trois mois? », s’interrogeait pour sa part sur Twitter l’écologiste Eric Quiquet, adjoint au maire de Lille et premier vice-président de Lille métropole communauté urbaine.
« Le candidat PS aura son mot à dire »
« C’est dommage qu’ils viennent (les pro-Hollande, ndlr) en disant que tout ça ne les engage pas, plutôt que de s’investir dans les négociations », regrette Denis Baupin, joint par leJDD.fr. Mais l’adjoint au maire de Paris ne veut pas créer de polémique, évoquant un « épiphénomène », accentué par le processus de la primaire. « On n’est pas surpris. Nous devons continuer à travailler tout en sachant que la résolution n’interviendra qu’une fois le vote PS passé », explique l’écologiste, qui reconnaît toutefois une « certaine brutalité » dans les propos de Vincent Feltesse. « On a eu le sentiment qu’il mettait de la distance avec le fait de discuter sereinement avec EELV », ajoute-t-il. Avant d’insister sur le fait que, pour une fois, les rôles sont inversés dans le rapport entre les deux partis : « D’habitude, c’est nous qui sommes en ordre dispersé face à la machine unie » du PS.
Jeudi, l’équipe de campagne de François Hollande a aussi tenté de relativiser les divergences. « Nous sommes tout à fait ouverts aux discussions, mais nous voulions quand même rappeler que tout cela n’est pas complètement déconnecté du fait qu’il y a une primaire », explique au JDD.fr Stéphane Le Foll, l’organisateur de la campagne du député de Corrèze, qui rejette tout « coup de frein » dans les négociations. « Le PS ne peut pas signer un contrat de gouvernement (…) Le candidat ou la candidate qui sera désigné(e) aura quand même son mot à dire », affirme-t-il.
« Si François Hollande l’emporte, on discutera »
Si les thèmes de convergence entre les deux partis sont désormais connus, « il y a des points sur lesquels il faudra qu’on discute », explique Stéphane Le Foll. La sortie du nucléaire notamment, sur laquelle les candidats socialistes ne partagent pas la même position. François Hollande s’est engagé à réduire de 75% à 50% la production d’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2025. Loin de la sortie totale du nucléaire souhaitée par EELV et condition sine quanone d’un accord de gouvernement avec le Parti socialiste.
« Nos options stratégiques ne vont pas changer en fonction du candidat du PS », tient à préciser Denis Baupin, qui rappelle que les écologistes discutent actuellement sur le socle du projet socialiste, adopté par l’ensemble des candidats du parti de la rue de Solferino. « Si François Hollande l’emporte, on discutera. Ce n’est pas nous qui allons choisir le candidat des socialistes! », ajoute-t-il. « La primaire produira ou non des ajustements. Mais je n’imagine pas quiconque tourner le dos à un accord avec nos partenaires d’EELV », affirme la socialiste Laurence Rossignol, soutien de Martine Aubry. Reste que rien n’est fait et que les négociations programmatiques pourraient se compliquer à l’approche de la présidentielle.
Anne-Charlotte Dusseaulx – leJDD