Publié le 19 septembre, 2011
0JDD : PS, EELV et nucléaire : un trio compliqué
Le JDD – vendredi 16 septembre 2011
Lors du premier débat de la primaire PS, la question de la sortie du nucléaire a été abordée, provoquant une vive discussion entre les six candidats. Et notamment entre François Hollande et Martine Aubry. S’il se réjouit que le nucléaire soit au cœur des débats, l’écologiste Denis Baupin, joint par leJDD.fr, s’inquiète de certaines prises de position.
Jeudi soir, François Hollande est le premier à en avoir parlé. Le député de Corrèze a choisi le thème du nucléaire pour ses trois minutes de « carte blanche ». L’occasion pour l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste – en tête des sondages sur la primaire – de rappeler sa position : parvenir au seuil de 50% d’énergie nucléaire en 2025, contre 75% aujourd’hui. Quelques minutes plus tard, le sujet était au cœur du débat entre les six candidats présents sur le plateau de Des Paroles et des actes. Chacun développant sa propre stratégie.
« C’est une grande satisfaction car la chape de plomb autour du nucléaire a définitivement explosé », s’est réjoui vendredi l’écologiste Denis Baupin, qui mène les discussions avec les socialistes sur le futur contrat de gouvernement. Désormais, « on a le droit d’en parler ». « On a enfin pu remettre ce sujet en haut de l’agenda politique », ajoute l’adjoint au maire de Paris, chargé du Développement Durable et de l’Environnement, contacté par leJDD.fr.
Hollande, une « position habile »
Mais, une fois la satisfaction passée, Denis Baupin s’interroge sur les propositions des candidats, qui ont plus ou moins « bossé le sujet ». Exit Jean-Michel Baylet qui « dit n’importe quoi » et Arnaud Montebourg qui a détourné la question en posant d’abord celle de la durée du démantèlement des centrales nucléaires, selon lui. Quant à Manuel Valls, il « s’aligne sur François Hollande », dont la position dérange les écologistes. « C’est une position habile car il se base sur l’exemple allemand », reconnaît l’élu écologiste. Avant de pointer les défaillances d’un tel positionnement. Avec la construction de l’EPR, « on poursuit le nucléaire et on maintient sa dangerosité », explique Denis Baupin, qui dénonce « cette perspective de reprise du nucléaire ».
Même critique concernant Ségolène Royal. La présidente du conseil régional de Poitou-Charentes s’est dite favorable, jeudi soir, à une sortie totale du nucléaire en 40 ans. « Aberrant », pour le responsable écologiste. Selon lui, la durée de vie des centrales nucléaires – dont certaines comme Fessenheim arrive à échéance – est de 30 ans. Même si une prolongation de dix ans est accordée, la construction d’un EPR (dont la durée de vie est de 40 ans) repousse forcément à plus long terme une sortie totale du nucléaire.
« On n’a pas envie de choisir le candidat PS »
Reste la position de Martine Aubry. « C’est la seule position qui fonctionne et qui nous convient bien », déclare Denis Baupin. Pour deux raisons : « elle affirme sa volonté de sortie » et « remet en question l’EPR ». Pourtant, jeudi soir, face à François Hollande qui la pressait de donner des chiffres, Martine Aubry n’a pas semblé très à l’aise, reconnaissant d’abord que « 50% en 2025 » était « un bon objectif », avant d’ajouter : « Non François, nous ne sommes pas d’accord ». « La question est de savoir sur quelle courbe on se situe (…) C’est essentiel pour que les alternatives deviennent crédibles économiquement », reprend l’écologiste, membre du bureau exécutif d’EELV. Il renvoie à la position allemande qui a su dire que le nucléaire « était du passé », permettant ainsi aux investisseurs de se tourner concrètement vers d’autres ressources.
Mais les écologistes se défendent d’apporter ainsi leur soutien à la maire de Lille dans la primaire socialiste. « On n’a pas envie de choisir le candidat PS, mais on aimerait que tous soient sur la même ligne que Martine Aubry » concernant la sortie du nucléaire, résume en quelques mots Denis Baupin. Dans le cas contraire, l’accord sur le futur contrat de gouvernement pourrait ne pas voir le jour. « On ne participera pas à un gouvernement qui nous obligeraient à participer à la relance du nucléaire. Cela n’a pas de sens », assure l’écologiste.
Une position partagée par la secrétaire nationale d’EELV. « Il faut se dire que ce n’est ni un caprice, ni un incontournable, mais une évidence. Tout simplement », affirme Cécile Duflot dans un entretien au JDD.fr publié vendredi.
Anne-Charlotte Dusseaulx – leJDD.fr