Maire adjoint 2001 - 2012 no image

Publié le 17 décembre, 2007

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Intervention budgétaire

Plus qu’un budget 2008 en forme de solde de la mandature qui s’achève, le débat qui compte aujourd’hui est celui des choix à faire pour l’avenir.

Nous devons dire aux Parisiens comment nous comptons travailler à améliorer encore leur qualité de vie, comment nous comptons répondre à leurs préoccupations, et cela dans un contexte général marqué par des tensions importantes, et des exigences plus fortes que jamais tant en matière environnementales que sociales.

Depuis notre débat d’orientations budgétaires, une problématique s’est imposée dans le débat public et pèse indirectement sur l’élaboration du budget. Il s’agit de la question dite du « pouvoir d’achat ». Tout d’abord, permettez-moi d’interroger cette expression qui semble pourtant faire consensus dans la classe politique, un peu comme le mot « croissance », sorte de sésame de la bonne santé économique d’un pays et de ses habitants.

Ces expressions consacrées du vocabulaire économique dessinent une vision du monde fondée sur toujours plus de compétition. Cette compétition permanente, qui conduit d’ailleurs certains hauts responsables politiques à se transformer en super VRP, revendeurs spécialisés dans le commerce d’armes et de centrales nucléaires aux principaux dictateurs de la planète.

La notion de « pouvoir d’achat », ramenant tout citoyen au rang de simple consommateur, nous paraît tout autant porteuse d’ambiguïté. De qui, de quoi parlons-nous ? Parce que M. Sarkozy découvre qu’il y a un problème de « pouvoir d’achat » dans ce pays, après avoir accordé 15 milliards de cadeaux fiscaux cet été, nous sommes amenés à prendre position sur la réforme engagée par le gouvernement qui, tellement avide de faire la peau aux 35 heures, a décidé de monétiser des jours de RTT.

Dès le début, nous avons manifesté notre hostilité à cette mesure injuste, qui s’inscrit dans un vaste plan de démantèlement du droit social. Car cette mesure, combinée au déplafonnement des heures supplémentaires, ne fait que creuser les inégalités. Elle dessine une société avec d’un côté ceux qui travaillent 40, 45 heures par semaine, voire plus… et de l’autre des millions de travailleurs pauvres qui n’ont d’autres choix que d’accepter les 15, 20 heures de travail hebdomadaire qu’on leur octroie.

Dans notre collectivité, les réalités peuvent être douloureuses également. Rappelons que le salaire moyen des fonctionnaires de la ville de Paris est de 1200 euros, et que depuis des années, le point d’indice stagne. Peut-on vivre décemment dans notre ville avec de tels revenus ? C’est la raison pour laquelle nous avons soutenu l’instauration d’une prime forfaitaire de 500 euros. Nous nous félicitons de l’avancée obtenue, même si nous regrettons que le montant finalement retenu soit inférieur. Nous espérons qu’il sera revu à la hausse l’année prochaine et qu’en tout état de cause, l’attribution de cette prime ne se fasse pas au détriment de la création de nouveaux postes indispensables au fonctionnement des nouveaux équipements et à un service public de qualité.

Je le disais, pour nous, en tant qu’écologistes, il y a une autre façon d’aborder la question dite du pouvoir d’achat, en distinguant les dépenses choisies des dépenses contraintes, et en privilégiant la conversion écologique de l’économie. Car dans ce domaine, urgence sociale et urgence environnementale se conjuguent étroitement.

Dans les dépenses des ménages, la part des dépenses contraintes, des dépenses qui ne sont pas choisies, a considérablement augmenté ces dix dernières années. Le logement pèse pour 25% dans le budget des ménages alors qu’il ne pesait que pour 15% il y a quinze ans. Ainsi, la dépense moyenne pour le logement est de 8000 euros par an. Et, sur ces 8000 euros, 15 %, soit 1 200 euros en moyenne, sont consacrés aux dépenses d’énergie.

Si les prix du logement et de l’énergie continuent à augmenter sur leur tendance actuelle, les augmentations numéraires de pouvoir d’achat obtenues par les salariés auront été vaines !

Plutôt que de monétiser les RTT et de proposer de « travailler plus », le soir, la nuit ou le dimanche il vaut mieux de s’attaquer aux augmentations de ces dépenses contraintes que sont le coût du logement et les dépenses énergétiques.

C’est pourquoi nous proposons, sans relâche, d’investir massivement dans la production et la préservation du logement social. C’est là une question centrale, qui doit mobiliser toutes nos énergies.

Nous insistons particulièrement sur le parc social de fait évalué à 103 702 logements, soit 21% des résidences principales parisiennes. Ce qui représente environ 14% de la population parisienne.

Or, ce parc de logement disparaît peu à peu, soit dans le cadre de ventes dans le diffus, soit dans le cadre de ventes à la découpe. Nous n’avons eu de cesse d’alerter sur cette question essentielle pour l’avenir de la mixité sociale à Paris.

Lors de la séance budgétaire de décembre 2006, suite au dépôt d’un amendement des Verts, le Conseil de Paris a adopté un vœu de l’exécutif actant l’acquisition systématique de tout immeuble mis en vente qui appartienne au noyau dur ce parc de logements. Mais ce budget n’a pas été complètement respecté. Aussi, nous déposons un nouvel amendement demandant l’application du vœu adopté en décembre 2006.

Si nous n’investissons pas maintenant, au moment où les droits de mutation sur la spéculation immobilière sont les plus élevés, nous porterions une louorde responsabilité.

L’actualité la plus récente vient nous rappeler que l’urgence absolue reste celle de nos concitoyens les plus fragiles. Nous ne rappellerons jamais assez que plus de 250 000 Parisiens vivent sous le seuil de pauvreté et sont réduits à une existence au jour le jour. Nous continuons d’appeler de nos vœux une remise à plat des aides sociales, et en attendant nous proposons comme chaque année la création d’une prime de fin d’année pour les parisiens en situation de grande précarité, ainsi que l’extension des dispositifs de gratuité des transports à toutes les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

La question de l’hébergement d’urgence est également une priorité ; l’agression inadmissible des forces de l’ordre, samedi, contre les militants des Enfants de Don Quichotte, comme les imprécations de Mme Boutin, n’y changeront rien. La réalité est là, plus révoltante que jamais : des milliers de personnes dorment encore dehors, dans notre ville. Notre contrat de mandature prévoyait la création de 500 places d’hébergement d’urgence par an. 508 places pérennes ont certes été créées en 7 ans, mais cela n’a pas permis de rattraper le retard considérable que nous avait légué la droite ! La question de l’hébergement d’urgence, – et j’insiste : dans des conditions dignes d’êtres humains ! – et plus encore du logement durable et digne, pour des milliers de sans abris sera pour nous une priorité absolue de la prochaine mandature.

La victoire obtenue par le DAL, rue de la Banque, a démontré que la lutte paie. Nous les avons soutenus comme nous soutiendrons ceux qui agissent collectivement et démocratiquement, au nom de tous les mal logés.

J’indiquais il y a un instant que pour nous, urgence écologique et urgence sociale se conjuguent étroitement.

Le Plan climat doit être le moteur de cette conversion écologique de notre capitale. C’est l’engagement que nous avons pris, unanimement, il y a quelques semaines. Ses objectifs sont ambitieux. Mais c’est sa traduction concrète, en actes et en engagements budgétaires qui permet d’en mesurer la portée réelle. Nous nous étions engagés ensemble à ce que le budget 2008 soit le premier budget « plan climat » : or au terme de la lecture du bleu budgétaire Plan climat, il nous est difficile de cacher une certaine déception. Dans le projet qui nous est proposé, les moyens ne sont pas encore au rendez-vous.

Certes, une très grande part des 215 millions d’euros annoncés concerne la politique des déplacements. Et, de fait, notre politique de rééquilibrage des déplacements au profit des transports collectifs et des circulations douces, constitue indéniablement une contribution majeure à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. J’ai bien noté que certains dans cette assemblée aimeraient bien revenir en arrière. Alors qu’ils font semblant de soutenir un Grenelle. Je ne peux d’ailleurs rater l’occasion de redire que, pour être à la hauteur de nos ambitions en matière de lutte contre le dérèglement climatique il est encore temps d’acter l’extension du tramway jusqu’à la Porte d’Asnières ! L’enquête publique n’aura pas lieu avant le printemps. Le dossier peut encore être modifié. C’est en tout cas en ce sens que nous continuerons de peser.

Mais notre principale inquiétude réside dans le programme de réhabilitation thermique des logements sociaux. Nous le considérons non seulement comme une nécessité écologique, mais aussi, comme je l’évoquais il y a un instant, cet investissement est de nature à alléger les charges des ménages et ainsi participe d’une amélioration structurelle de leur pouvoir d’achat.

Sans oublier que le domaine de l’éco-construction et de l’éco-réhabilitation constitue un gisement considérable d’emplois et d’innovation technique. C’est dans ce domaine, bien plus que dans celui de la construction verticale, que se situe la véritable modernité architecturale et urbaine.

Si nous voulons que ce budget 2008 soit réellement le véritable premier budget « plan climat » nous ne pouvons nous contenter de financements conditionnés à des co-financements étatiques ou régionaux. Il est de notre responsabilité d’investir dès maintenant, et, pour donner crédibilité à notre action de l’inscrire dans une programmation pluri-annuelle.

°°°°

Je ne saurais conclure sans évoquer la question de la vidéosurveillance.

Si nous sommes opposés à ce projet c’est parce qu’en plus d’être intrinsèquement porteur d’une dérive sécuritaire, il n’a jamais été démontré qu’il existe un rapport entre la baisse de la délinquance et la pose de caméras. Nous demandons donc un véritable débat public avant toute concrétisation de la mise en place de ces caméras. Et, sur le fond, nous demandons qu’en matière de sécurité les efforts budgétaires portent sur la création d’un service de médiation sociale bien plus à même, en assurant une présence humaine, de contribuer à rétablir un sentiment de sécurité et à réhumaniser ces espaces.

Comme vous pouvez le constater, Monsieur le Maire, nous nous sommes donc attachés à faire des propositions constructives pour ce budget 2008. Même si nous sommes en année électorale, nous ne voulons pas que cette année soit perdue pour les Parisiens. C’est notre façon à nous de prendre un temps d’avance !

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