Publié le 7 juin, 2013
0Energies Actu – Emploi, l’argument choc de la transition énergétique
Selon deux études menées par le CIRED-CNRS d’un côté, et l’OFCE et l’Ademe de l’autre, la transition énergétique pourrait créer plus de 600 000 emplois d’ici 2030. Fin mai, la France comptait plus de 3,2 millions de chômeurs.
« La transition énergétique est une nécessité mais c’est aussi une excellente opportunité », a soutenu Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale, le 19 juin, à l’occasion d’une conférence de presse intitulée « transition énergétique, les emplois de demain ».
C’est en tous cas ce que soulignent deux études récemment publiées. La première, réalisée par le CIRED-CNRS, a analysé le scénario négaWatt et chiffré le nombre d’emplois directs ou indirects secteur par secteur. Si des destructions d’emplois sont à attendre, le bilan est plus que positif : d’ici 2030, la transition proposée par ce scénario peut créer 632 000 emplois.
La seconde, basée sur une méthodologie différente, converge toutefois sur l’énorme potentiel d’emplois offert par la transition énergétique. Menée par l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) et l’ADEME sur les scénarios négaWatt et « médian » de l’Ademe, elle conclue à la création de 745 000 à 825 000 emplois en 2050.
Rénovation énergétique des bâtiments, déploiement des EnR, évolution forte de la mobilité, les axes forts de la transition actuellement débattus pourraient donc être l’antidote au chômage grimpant des deux dernières années.
Tout en maintenant une exigence environnementale forte : « Ce n’est pas une transition énergétique pensée comme le made in vieille France, comme certains souhaiteraient la faire en exploitant les gaz de houille ou de schiste, ironise Denis Baupin. C’est une transition à la faveur d’une réindustrialisation basée sur l’innovation durable ».
Mais le potentiel d’emplois change suivant les secteurs. Le bâtiment gagne clairement, les objectifs de rénovation thermique appelant plus de main d’œuvre qualifiée, plus de matériaux nouveaux et d’innovation. Pour les transports, le solde est légèrement négatif au détriment du véhicule individuel notamment. Le développement des énergies renouvelables et l’amélioration des réseaux promettent elles aussi bien plus d’emplois, et mieux répartis, que ceux perdus.
Et à la clé, le solde de la balance commerciale française revient à l’équilibre avant 2050 laissant ainsi la place à une manne réinjectable et donc créatrice d’autres emplois, induits eux.
Mais l’ambition doit se traduire en actes durables
Reste que « si on souhaite atteindre ce potentiel d’emplois, il faut atteindre les objectifs fixés. 25% d’EnR dans la consommation finale d’énergie en 2020 par exemple, prévient Jean-Louis Bal, président du syndicat des énergies renouvelables (SER). Si on reste sur le rythme actuel, le nombre d’emplois créés sera bien moins important. Et au-delà de décisions politiques fortes, un choc de simplification dans la réglementation est urgent ».
Prudence partagée par Pauline Mispoulet, présidente du Gesec (1). « Pour le moment, les PME ne profitent pas de la transition énergétique, assure-t-elle. Il faudra notamment apporter un cadre pérenne pour la transition », et non un amas de mesures et d’aides modifiées chaque année.
Outre une visibilité à moyen et long terme, la réussite de la transition en termes d’emplois dépendra également de l’implication des régions et de la mise en œuvre d’une « ingénierie sociale inédite » pour assurer les transitions professionnelles, selon les termes de Dominique Olivier, secrétaire confédéral de la CFDT en charge du développement durable.
Les enjeux de décentralisation, d’assainissement des finances, de dynamisme et d’emplois sont donc réels. A charge au gouvernement et au chef de l’Etat d’actionner les bons leviers. « François Hollande a pris une responsabilité louable en proposant d’accueillir la conférence mondiale sur le climat de 2015, rappelle Marc Jedliczka, vice-président du CLER (2). Mais il faudra que la France ait considérablement avancé d’ici là sur des questions qu’elle promet de faire progresser ».
(1) Groupement Economique Sanitaire Electricité Chauffage (2) Comité de liaison énergies renouvelables
Publié le 19/06/2013 – 14:51 par Fanny Costes