Publié le 17 mars, 2014
0DNA – Pollution : le diesel sur le banc des accusés
Le diesel est à nouveau dans la ligne de mire des militants écologistes. L’actuel épisode de pollution aux particules PM 10 met en lumière les dégâts du modèle français qui a favorisé le gazole par rapport à l’essence.
Des particules liées au diesel
La pollution aux particules est provoquée par les « combustions incomplètes », explique Sébastien Vray, président de l’association écologiste Respire : moteurs diesel, moteurs d’avion, chauffage fioul et bois mal réglé, industrie.
« La part du diesel dans la pollution aux particules est difficile à mesurer. En moyenne nationale, elle est de l’ordre de 20 %. Mais dans les agglomérations, et à proximité des axes de circulation, qui sont les zones concernées par les pics de pollution, elle est de l’ordre de 60 à 70 % », explique Denis Baupin, député Europe Écologie-Les Verts.
Une exception française
En cause : le choix français d’accorder un avantage fiscal au gazole. Pour bénéficier de ce carburant moins cher que l’essence, les Français se sont massivement équipés en véhicules à moteur diesel, fortement émetteurs de particules fines. Deux voitures sur trois roulent au gazole en France. Une tendance cependant à la baisse. Depuis l’année dernière, les achats de voitures diesel, qui représentaient plus de 72 % du total en 2012, sont passés sous les 70 %.
Un coût pour la santé…
L’Organisation mondiale de la santé a classé les gaz d’échappement des moteurs diesel comme cancérogènes. « Les émissions de particules sont responsables de 42 000 morts par anticipation en France et réduisent l’espérance de vie des citadins des grandes villes de 6 à 9 mois », déplore Denis Baupin.
…et pour le contribuable
La France est sous la menace d’une amende de l’Europe pour non-respect des limites de particules fines. « Et le soutien au diesel coûte 7 milliards d’euros au contribuable. C’est comme si la Sécu payait pour les cigarettes ! », dénonce le député Vert.
Réduire l’écart essence-diesel
« Les atermoiements de Philippe Martin (le ministre de l’Écologie) sont pathétiques », déplore Corinne Lepage, députée européenne (Cap 21). En 1996, ministre de l’Environnement du gouvernement Juppé, elle avait fait voter dans la loi sur l’air un rattrapage de la fiscalité de l’essence et du gazole. Les décrets d’application n’ont jamais été publiés. « Le lobby automobile, aidé par le lobby de l’État, freine toute évolution », regrette Corinne Lepage. Pour elle, il faut changer de modèle : « En raison de la crise, il ne faut pas pénaliser les propriétaires actuels de véhicules diesel. Mais décourager ceux qui vont en acheter un à l’avenir en mettant en place un système de malus. » Car « continuer avec 75 % de voitures qui roulent au gazole, c’est irresponsable en termes de santé publique », alerte l’ancienne ministre.
Un point de vue que partage Denis Baupin, député écologiste, qui propose un plan en trois points : aligner la fiscalité de l’essence et du gazole (mesure à laquelle le gouvernement a renoncé en mai dernier), aider les constructeurs automobiles à se reconvertir dans les véhicules propres et réduire progressivement l’accès aux véhicules diesel dans les agglomérations.
Élodie BÉCU – 16 mars 2014 – Dernières nouvelles d’Alsace
Article également paru dans Le Bien Public,Vosges Matin,
Le Républicain Lorrain Le Progrès, Le Journal de Saône et Loire,
L’Est Républicain, Le Dauphiné Libéré, l’Alsace