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Publié le 20 juin, 2014

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Denis Baupin : « Les écolos seront en mesure de voter le texte sur la transition énergétique »

La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a présenté, mercredi 18 juin, les grandes lignes de son projet de loi sur la transition énergétique qui porte aussi bien sur la rénovation thermique des bâtiments que sur le nucléaire, les transports ou les énergies renouvelables. Denis Baupin, député EELV de Paris et spécialiste des questions environnementales, réagit à ce texte.

Les grandes lignes du projet de loi sont-elles à la hauteur des enjeux?

Denis Baupin : Oui car les objectifs fixés dans le texte sont ambitieux : on retrouve la division par deux de la consommation d’énergie d’ici à 2050, celle par quatre des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 ou encore le fait de passer à 50% de nucléaire en 2025.

Pour la première fois, la France se dote d’une programmation en matière énergétique. Il y a clairement un passage à une nouvelle étape. Après, dans le débat parlementaire, on va faire le maximum pour améliorer les outils pour les rendre le plus efficace possible que ce soit en faveur de la réhabilitation des bâtiments, des véhicules les plus sobres ou de tarifs incitatifs pour les renouvelables.

Les écologistes avaient fait du nucléaire l’un des points clés du texte, notamment sur la gouvernance. Etes-vous satisfaits ?

Denis Baupin : Nous avions dit clairement que nous ne voulions pas nous contenter d’un objectif de 50 % et qu’il fallait des moyens pour y arriver. Nous souhaitions une feuille de route qui soit claire sur la durée de vie des centrales nucléaires [40 ans] et qu’il y ait une capacité de la part de l’Etat à pouvoir remettre EDF dans les rails si jamais il n’y restait pas. Sur ces deux points, nous avons négocié jusqu’à 22 heures hier soir. Nous avons obtenu que la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui devait initialement s’étaler sur trois puis sur sur cinq ans, soit dorénavant sur huit et dix ans. Cela donne réellement une perspective.

Sur la capacité de l’Etat à piloter EDF, nous souhaitions que l’Etat puisse intervenir pour dire qu’il n’autorise pas une prolongation lorsqu’une central arrive à 40 ans de vie. On nous a fait une contre-proposition que nous avons acceptée. Dorénavant, au sein du conseil d’administration d’EDF, le commissaire du gouvernement pourra s’opposer à tout investissement qui ne serait pas conforme pas à la programmation pluriannuelle de l’énergie. C’est une autre façon de s’assurer que l’Etat reprenne clairement le pouvoir et qu’il joue son rôle d’Etat stratège en matière énergétique.

Ni la durée de vie de 40 ans des centrales ni la fermeture de celle de Fessenheim ne sont cependant inscrites dans le texte…

Denis Baupin : La loi prévoit un plafonnement de la capacité de production à 63 gigawatts – la puissance actuelle en matière nucléaire.  Cela signifie que si EDF veut ouvrir l’EPR de Flamanville, il doit fermer deux réacteurs à 900 mégawatts. Donc Fessenheim. Là dessus, c’est clair.

Concernant la durée de vie des centrales, elle ne va disparaître pour autant. Que ce soit inscrit ou non dans la loi, la cuve des réacteurs est prévue pour durer 40 ans. L’Autorité de sûreté nucléaire a d’ores et déjà dit qu’on ne savait pas si les réacteurs pourraient être prolongés au-delà et que s’ils l’étaient, ce seraient à des conditions de sécurité renforcées. Le rendez-vous des 40 ans continue d’exister.

Les financements restent flous. Cela vous inquiète-t-il ?

Denis Baupin : Nous sommes toujours très vigilants sur ces questions financières. Mais en matière de transition énergétique, nous avons surtout besoin de fonds privés. La réhabilitation thermique des bâtiments comme les renouvelables nécessitent un gros investissement de départ qui se rentabilise au fur et à mesure. Ce qui coûte cher, c’est le loyer de l’argent, c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel vous empruntez. Il faut réussir à faire baisser les taux d’intérêts appliqués à ces opérations. Par exemple, le fonds de garantie auprès de la Caisse des dépôts, qui va se mettre en place pour réduire les risques sur la réhabilitation thermique des bâtiments, devrait permettre d’y parvenir.

Vous semblez plutôt satisfait. Les écologistes seront-ils en mesure de voter ce projet de loi ?

Denis Baupin : Je pense que nous le serons, d’autant plus que nous avons encore plusieurs mois devant nous pour l’améliorer.

Le Monde.fr, 18 juin 2014, par Raphaëlle Besse Desmoulières

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One Response to Denis Baupin : « Les écolos seront en mesure de voter le texte sur la transition énergétique »

  1. Florine says:

    Attention, le texte devra être très sérieusement amélioré en ce qui concerne le nucléaire et le développement des énergies renouvelables, pour la production d’électricité en particulier.

    Pour cela, plusieurs points de repère se trouvent dans le document suivant :

    http://energeia.voila.net/nucle/ambiguite_nucleaire.htm

    Les données sont précises et montrent qu’un gros problème se trouve dans le nombre de réacteurs nucléaires qui vont atteindre la limite des 40 ans d’ici à 2025.

    Cela représente des quantités considérables d’électricité à remplacer chaque année par de l’électricité renouvelable, en supposant que la consommation reste stable pendant les prochaines années.

    Sinon, c’est la porte ouverte à la prolongation des vieux réacteurs actuels ou à la construction de nouveaux.

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