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Publié le 13 janvier, 2015

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Denis Baupin à l’AFP : « la France n’a pas besoin de nouveaux réacteurs nucléaires, mais de plus de renouvelables »

PARIS, 13 jan 2015 (AFP) – Ségolène Royal a estimé mardi nécessaire de construire de nouveaux réacteurs nucléaires en France pour remplacer certaines vieilles centrales, fermant ainsi la porte à une sortie de l’atome et alors que le gouvernement s’est engagé à réduire la part de cette énergie dans le mix électrique français.

Pour assurer la sécurité du nucléaire, « il faut programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées », a déclaré la ministre de l’Ecologie et de l’Energie dans un entretien publié mardi par le magazine spécialisé Usine Nouvelle.

C’est la première fois qu’un membre du gouvernement évoque la possibilité de construire de nouveaux réacteurs en France.

Pour Ségolène Royal, il s’agit aussi d’un vrai revirement, alors que pendant la primaire socialiste en 2011, elle avait exprimé le souhait de ramener le nucléaire « à une énergie d’appoint » et s’était prononcée pour une sortie du nucléaire en France à « échéance de 40 ans maximum ».

Elle promettait même d’abandonner la construction de l’EPR de Flamanville (Manche).

Mais depuis son entrée au gouvernement en avril 2014, elle a porté l’engagement présidentiel, inscrit dans la loi sur la transition énergétique, bientôt examinée au Sénat, de réduire la part du nucléaire dans la consommation finale d’électricité à 50% à horizon 2025 contre 75% aujourd’hui.

Le projet de loi limite également la capacité nucléaire de la France à 63,2 gigawatts, son niveau actuel, ce qui implique que toute mise en service d’un nouveau réacteur se combine avec la fermeture d’autres de capacité équivalente.

Avec la mise en service prévue en 2017 de l’EPR de Flamanville (Manche), la centrale de Fessenheim, doyenne du parc nucléaire français, devrait ainsi fermer, conformément à une promesse de campagne de François Hollande.

La déclaration de Mme Royal a donc suscité mardi des interrogations, notamment sur ce que pourrait être cette nouvelle génération de réacteurs.

« Est-ce qu’il s’agit des EPR, d’une génération suivante? », s’est ainsi interrogé Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

La ministre, actuellement en déplacement en Israël pour assister aux obsèques des quatre victimes juives de l’attaque contre une épicerie casher à Paris la semaine dernière, devrait apporter des précisions jeudi à l’occasion de ses voeux à la presse, a-t-on indiqué au ministère de l’Ecologie et de l’Energie.

– Un débat nécessaire ‘devant la société’ –

L’enjeu est également le coût de la construction de nouveaux réacteurs alors qu’EDF a déjà évalué à 55 milliards d’euros d’ici 2025 les investissements pour son plan dit de « grand carénage » qui comprend les travaux de maintenance et de modernisation du parc français.

La France, deuxième producteur mondial d’électricité d’origine nucléaire, dispose de 58 réacteurs répartis sur 19 centrales.

« Plutôt que de se lancer dans la construction de nouveaux réacteurs qui sont des installations extrêmement coûteuses, pour un prix du kilowattheure très cher et pour un uranium importé, mieux vaut s’engager dans les énergies renouvelables », a plaidé le député écologiste Denis Baupin. Pour lui ce genre de débat doit « de toute façon s’ouvrir devant la société ».

A l’inverse, pour les professionnels du secteur, la déclaration de la ministre a rassuré sur l’avenir de la filière française. « C’est important de construire de nouveaux réacteurs car on a besoin en France d’être au meilleur de la technologie d’autant plus que le marché de la rénovation est énorme dans le monde », a commenté la déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire, Valérie Faudon.

Une telle déclaration a en effet de quoi satisfaire les entreprises françaises du secteur, EDF et Areva en tête, en proie à un marché de l’atome morose au niveau mondial.

A la Bourse de Paris, l’action d’EDF enregistrait d’ailleurs mardi à la mi-journée une forte hausse, la valeur prenant 3,65% à 15H15, dans un marché en hausse de 1,44%.

Par Marie HEUCLIN

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