Publié le 19 octobre, 2010
0Conseil de Paris : Question d’actualité concernant les biffins
Posée par Denis Baupin au nom du groupe des Verts
Monsieur le Maire,
Notre question porte sur la question des biffins et des marchés de la misère, qui se multiplient dans les quartiers populaires de notre ville, dans le 20ème et ailleurs.
Comme l’indique le vœu adopté par notre conseil en juin, sur proposition d’Olga Trostianski au nom de l’exécutif, « ces activités montrent l’immense précarité de populations en région parisienne qui les développent pour survivre ».
Nous sommes tous conscients que cette précarité résulte de la pauvreté croissante partout dans le monde, mais aussi de la politique injuste et ségrégative du gouvernement qui fragilise chaque jour les plus faibles, en situation régulière ou non.
Pour autant, notre municipalité se doit de construire des solutions nouvelles face à cette situation nouvelle, malheureusement durable. C’est sur notre territoire que se développent ces marchés de la misère. Les nuisances qu’ils engendrent et les risques de tension nous préoccupent tous. Et l’action de la police ne peut apporter une réponse durable.
Précisons-le, en réponse aux contre-vérités répandues par ceux qui nous reprochent de nous intéresser à cette situation, nous refusons de voir opposées des populations qui vivent dans la difficulté, nous n’avons pas une vision binaire : il n’y a pas les bons biffins et les mauvais riverains et puciers égoïstes – ni l’inverse, d’ailleurs ! L’exaspération de tous face au pourrissement de la situation est compréhensible. Raison de plus pour agir. On nous dit aussi qu’il y aurait parmi les biffins des personnes qui vendent des produits acquis illégalement. Nous ne sommes pas à même d’en juger. Mais si tel est le cas, si une partie des biffins sont eux-mêmes victimes de trafiquants, raison de plus pour les aider à s’en extirper en organisant les choses.
C’est parce que nous ne nous satisfaisons pas de l’institutionnalisation de la misère, que nous cherchons des solutions. Nous le faisons modestement, nous ne disons pas que ce qui est tenté courageusement dans le 18ème est reproductible tel quel partout. Mais une piste a été ouverte qui montre que pour peu qu’on ait envie de mettre tout le monde autour de la table, on peut inventer des voies nouvelles. Et nous avons la faiblesse de penser que c’est le rôle d’une municipalité de gauche et écologiste d’inventer ces solutions innovantes. Sinon qui le fera ?
Ma question donc : le vœu de juin prévoyait de proposer à une association une mission préfigurant un projet d’insertion. Il laissait ouvert la localisation et le cahier des charges établi entre acteurs locaux. Depuis, sur proposition de notre groupe, un budget de 100 000 euros a été voté.
Au vu de la tension croissante, et parce que nous souhaitons que le dialogue remplace vite l’affrontement, nous voudrions savoir où en est la mise en œuvre de ce vœu. Nous en sommes convaincus, c’est à la façon dont une société traite les plus faibles, qu’on peut juger de son degré de civilisation.