Publié le 31 juillet, 2014
0Ce qu’ils pensent de la loi sur la transition énergétique
LeJDD.fr a demandé à Chantal Jouanno (UDI), Denis Baupin (EELV), Hervé Mariton (UMP) et Corinne Lepage (Cap21) de dégager une mesure qu’ils jugent positive et une autre à leurs yeux négative dans le projet de loi sur la transition énergétique présenté mercredi par Ségolène Royal.
Chantal Jouanno, sénatrice UDI et ancienne secrétaire d’Etat chargé de l’Ecologie (2009-2010)
Le point positif :
« Ce sont les objectifs fixés qui sont dans la continuité de la loi sur le Grenelle 1 de 2009. S’il faut retenir une mesure positive, ce serait le fameux budget carbone des ministères. Mais pour l’essentiel, le texte amplifie des mesures qui ont déjà existées (crédit d’impôt, prêt à taux zéro, bonus-malus…) à un moment ou à un autre. »
Le point négatif :
« L’absence totale de financement et de fiscalité écologique. Cela enlève toute crédibilité au texte. On ne s’attaque absolument pas à cette question qui est pourtant le nœud du problème. Aujourd’hui, en France, la fiscalité est favorable à la pollution. Le projet de loi fixe des objectifs que tout le monde va voter la main sur le cœur, mais on ne s’en donne pas les moyens. »
Denis Baupin, député écologiste et membre de la commission développement durable
Le point positif :
« On va enfin doter la France d’une politique énergétique, avec des objectifs de réduction de la part du nucléaire. C’est la première fois qu’on a un texte qui prévoit de réduire le nucléaire, de développer les énergies renouvelables et la fiscalité énergétique. C’est une boîte à outils qui reste à compléter mais qui existe. »
Le point négatif :
« La loi ne dit pas ce qu’il se passe quand les réacteurs nucléaires atteignent 40 ans. Nous estimons que si leur durée de vie devait être prolongée au-delà, ce ne peut qu’être dans des conditions très particulières. Il faut que l’Etat et la population aient leur mot à dire. L’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) dit qu’il faut une procédure renforcée de concertation. C’est un point important sur lequel nous voulons encore enrichir le texte par amendement. »
Hervé Mariton, député UMP
Le point positif :
« Le point positif de ce projet de loi est la prise en compte de l’importance de l’enjeu du volet logement et transports. Ségolène Royal a compris que c’était la dimension principale de l’évolution de la politique de l’énergie. C’est très important. Tout se joue dans ces domaines-là. Sur ce point, les mesures proposées sont recevables. »
Le point négatif :
« C’est le mistigri du nucléaire, avec la fermeture de réacteurs en grand nombre qui reste la conséquence immédiate du projet. Dès qu’on ouvre l’EPR de Flamanville, il faut fermer des réacteurs. Ségolène Royal demande à EDF de se mutiler lui-même et de choisir le membre qu’il mutile. La conséquence du plafond de 63 GW est la fermeture de deux réacteurs, avec l’ouverture de l’EPR de Flamanville. Celle du 50% en 2025 (de nucléaire dans la production d’électricité) est la fermeture d’une vingtaine de réacteurs. Avec ce que cela représente : gaspillage économique, social, énergétique et un coût budgétaire qui sera en dizaine de milliards d’euros. »
Corinne Lepage, présidente de Cap21 et ancienne ministre de l’Environnement (1995-1997)
Le point positif :
« Ce texte est positif par son aspect concret et pragmatique. Ce n’est pas une usine à gaz. Contrairement aux lois Grenelle, avec leurs 275 décrets d’application. Là, il y a 64 articles, c’est simple. Je pense que c’est une bonne chose. Ce projet de loi arrive aussi à temps car nous avons des objectifs communautaires que nous sommes pour certains très loin de satisfaire : nous devons atteindre 23% d’énergie renouvelable en 2020 et nous sommes toujours qu’à 13%. Par rapport à il y a 20 ans, nous n’avons quasiment pas progressé. J’espère que ce texte va booster les choses. Encore faut-il qu’un cercle vertueux économique et industriel se mette en place. »
Le point négatif :
« Le manque de moyens concernant la question nucléaire. Le gouvernement ne se donne aucun moyen d’imposer à EDF de parvenir à 50% de nucléaire en 2025. Cela fait deux ans que je dis que Fessenheim ne fermera pas et je le maintiens. Il aurait fallu que le gouvernement puisse décider la fermeture de centrales nucléaires. C’est au final au bon vouloir d’EDF. Permettez-moi alors d’en douter. »