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Publié le 3 novembre, 2014

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Barrage policier musclé à Nantes et Toulouse

Samedi, flash-balls et gaz lacrymo ont été utilisés contre les opposants aux projets de Notre-Dame-des-Landes et Sivens, à l’issue de manifestations qui ont dégénéré.
Au lendemain des manifestations dans plusieurs villes contre les violences policières, Denis Baupin (EE-LV), vice-président de l’Assemblée nationale, a posé dimanche la question des méthodes d’intervention des forces de l’ordre. «Il faut reréfléchir à la question du maintien de l’ordre aujourd’hui parce qu’il y a des situations nouvelles : ces occupations de sites à Notre-Dame-des-Landes [contre le projet d’aéroport, nldr] comme à Sivens [contre le barrage].» Jean-Christophe Lagarde (UDI) a dénoncé, lui, «un problème d’anticipation de la part du ministère de l’Intérieur».

Samedi à Nantes, le rassemblement en hommage à Rémi Fraisse a dégénéré, se soldant par huit blessés. La veille, le préfet avait rappelé que cette manifestation «n’avait pas de déclaration préalable en préfecture exigée par la loi», dans une ville où depuis la guerre d’Algérie, par tradition syndicale et militante, aucun cortège n’est jamais déclaré. Dans le centre-ville, où les transports avaient été suspendus, ils étaient samedi 800 participants selon la préfecture, le chiffre réel devant être plus proche de 1 500 à 2000, mais difficile à évaluer dans des rues investies par des badauds. La police a embarqué préventivement deux jeunes femmes qui avaient un couteau dans un sac. Du sérum physiologique (censé être efficace contre les lacrymogènes) a aussi été confisqué.

Canettes. Sans agression visible de la part des manifestants, il aura suffi que les forces de l’ordre pointent sur eux leurs flash-balls pour que fusent trois canettes. En réponse, les policiers ont scindé le cortège en tirant des grenades lacrymogènes et trois munitions à forte détonation, un communiqué des zadistes de Notre-Dame-des-Landes évoquant des «grenades offensives» alors que le préfet parlait d’«armes défensives». Depuis mardi, le ministre de l’Intérieur a suspendu l’utilisation des grenades offensives mises en cause dans la mort de Rémi Fraisse. Cinq personnes ont été blessées parmi les manifestants, dont un a eu le nez fracturé par un tir de flash-ball. Le préfet a également signalé trois blessés léger dans les rangs des forces de l’ordre, l’un à l’épaule par un projectile, un autre à la main par une «bouteille d’acide». Côté dégâts matériels : une vitrine étoilée, des tags, des pavés descellés sur la voie du tram, deux vitres d’abribus cassées et une douzaine de poubelles en feu. Vingt-et-une personnes ont été interpellées.

A Toulouse, les manifestants avaient décidé de se rassembler place du Capitole. Bien que non déclaré en préfecture, l’événement a été toléré par les forces de l’ordre. Quelques contrôles d’identité en début d’après-midi – «au faciès», selon les opposants – ont pu créer de la tension, mais la situation est vite rentrée dans l’ordre. Les policiers ont alors disparu du lieu du rassemblement, où plusieurs centaines de personnes ont rendu hommage, en silence, à Rémi Fraisse.

«Un flic, une balle». Mais à quelques pas de là, d’autres manifestants dénonçaient le «narco-Etat mexicain». Les choses ont dégénéré quand la foule, à l’initiative de militants antifascistes, a entrepris de se mettre en branle. Aux cris de «Flics, porcs, assassins» ou «un flic, une balle, justice sociale», plusieurs centaines de personnes ont tenté d’emprunter une rue adjacente. Immédiatement, plusieurs camionnettes de gendarmes mobiles et de CRS leur ont barré le passage. Visées par des œufs et des pierres, les forces de l’ordre ont légèrement répliqué à coups de gaz lacrymogènes, se contentant de refouler les manifestants sur la place du Capitole. Dans un centre-ville bondé et un dédale de ruelles piétonnes, les policiers se sont longtemps tenus à distance du cortège. Ce n’est qu’après les premières vitrines brisées et poubelles brûlées que leur réplique s’est faite plus musclée. Les abords du palais de justice ont été noyés sous les lacrymos, alors que les bistrots fermaient en urgence leurs terrasses. La partie de cache-cache dans le centre de Toulouse a duré jusqu’en milieu de soirée, sans pour autant virer à la bataille rangée.

Libération – Nicolas De La Casinière (à Nantes) et Sylvain Mouillard (à Toulouse) 2 novembre 2014

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