Ségolène Royal n’a pas souhaité nommer les marques, indiquant seulement que des dirigeants de «fabricants étrangers notamment» avaient accepté de venir s’expliquer devant la commission technique indépendante mise en place par le gouvernement pour vérifier si les constructeurs respectent les standards en vigueur.

La ministre avait indiqué le 14 janvier que les premières conclusions rendues par cette commission avaient montré un «dépassement de normes» pour le CO2 et les oxydes d’azote chez Renault, et «plusieurs» marques étrangères qu’elle n’avait déjà pas voulu nommer.

«Les résultats des tests seront rendus publics» après les auditions de ces constructeurs étrangers, a indiqué la ministre à iTélé. «Ils auront intérêt de toute façon (à ce que ce soit public, ndlr), les gens n’acceptent plus que l’on cache des choses, que l’on ne sache pas», a-t-elle ajouté.

Selon Le Canard Enchaîné, les groupes visés sont Opel, Ford et Mercedes. De source proche du dossier à l’AFP, les tests sur des Opel et Mercedes ont en effet donné des «résultats préoccupants».

– «Rien n’aurait été pire que la suspicion» –

Interrogée sur la possibilité que «trois autres constructeurs en plus de Renault» soient mis en cause, la ministre a répondu: «C’est peut-être plus, dans la mesure où là, nous avons testé huit constructeurs», et «il en reste quatre à tester dans les semaines qui viennent».

La commission mise en place par le gouvernement après le scandale Volkswagen, qui doit au total mesurer les rejets de 100 véhicules, a désormais effectué des tests sur «un échantillon de 22 véhicules», a précisé Mme Royal mercredi.

Renault a d’ores et déjà été contraint de rappeler plus de 15.000 véhicules à la suite d’une «erreur de calibrage» de certains moteurs diesel.

«Pour la première fois, il y a une transparence sur la réalité de la pollution», s’est félicité la ministre. «Rien n’aurait été pire que la suspicion et que le manque de transparence et que le refus de Renault de venir s’expliquer», a-t-elle par ailleurs relevé.

De son côté, le député (EELV) Denis Baupin, membre de la commission technique, a souligné mercredi qu’«à partir du moment où il y avait d’autres commissions qui se mettaient en place dans d’autres pays, notamment en Allemagne, il fallait qu’on soit particulièrement attentifs aux constructeurs français. Car si on ne détectait pas des anomalies et que d’autres les détectaient, on apparaîtrait comme ayant fait des passe-droits».

«Cela n’a pas été le cas: ont été mises en évidence des anomalies très significatives chez Renault qui posent des questions sur le système de dépollution qui est en place et qui ne fonctionne qu’une partie très modeste du temps. L’essentiel du temps, ces véhicules polluent beaucoup plus», selon M. Baupin.

«Que la ministre de l’Ecologie dise: +attention, on est en train de stigmatiser Renault, alors même que d’autres constructeurs dépassent en matière de pollution+, elle a raison», a ajouté M. Baupin devant l’Association des journalistes parlementaires.

Selon lui, «on va auditionner des constructeurs la semaine prochaine, pour lesquels les résultats sont eux aussi préoccupants. Ils devront eux aussi, comme l’a fait Renault, faire la transparence. C’est à eux de mettre en place les dispositifs pour dépolluer beaucoup plus et évidemment implanter des dispositifs sur l’ensemble des véhicules qui ne sont pas conformes».

AFP