Publié le 15 octobre, 2014
0AFP – L’Etat remplace Proglio par Lévy à EDF pour mettre en oeuvre la transition énergétique
PARIS, 15 oct 2014 (AFP) – Le gouvernement a décidé de remplacer Henri Proglio à la tête d’EDF par le PDG de Thales Jean-Bernard Lévy pour donner un nouveau souffle au géant français de l’électricité, appelé à accompagner le déploiement de la loi de transition énergétique.
« Il y a aujourd’hui une phase nouvelle avec la transition énergétique qui s’ouvre », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, pour justifier l’éviction du patron du premier opérateur nucléaire mondial, un grand défenseur de l’atome qui briguait un deuxième mandat.
Le projet de loi de transition énergétique, adoptée à une large majorité mardi à l’Assemblée nationale, prévoit de réduire de 75% à 50% la part de la production d’électricité d’origine nucléaire à l’horizon 2025 tout en développant les énergies renouvelables.
Elle prévoit aussi le plafonnement de la puissance nucléaire à 63,2 gigawatts, ce qui nécessitera de fermer des réacteurs nucléaires lors de l’entrée en service de l’EPR de Flamanville, prévue en 2016.
Jean-Bernard Lévy, 59 ans, est « un grand industriel » qui a « les qualités pour conduire cette grande entreprise qu’est EDF », a précisé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, rapportant les propos tenus par le président François Hollande en conseil des ministres.
Il a dirigé Vivendi Universal avant de prendre les rênes du groupe d’électronique de défense Thales, en décembre 2012, dont il a renforcé la présence internationale.
Son nom figurera donc parmi les 12 administrateurs indépendants ou représentant l’État dont la nomination doit être avalisée par un conseil d’administration d’EDF programmé jeudi matin, puis soumise à une assemblée générale extraordinaire le 21 novembre, à la veille de la fin du mandat de M. Proglio.
Avant que sa nomination soit définitivement confirmée par un décret, le futur dirigeant de l’entreprise détenue à 84,5% par les pouvoirs publics devra également réussir son oral devant le Parlement.
« Le plus important, c’est que le nouveau PDG d’EDF ait bien pour feuille de route la loi de transition énergétique. J’attends de sa part des engagements clairs », a insisté auprès de l’AFP le député écologiste Denis Baupin.
« Henri Proglio ne donnait pas vraiment l’image de quelqu’un qui se sentait être le porteur de ce nouveau message », a-t-il ajouté.
Par Martine PAUWELS – AFP – 15/10/2014
Proglio, longtemps favori
Autre motif invoqué pour la non reconduction d’Henri Proglio : il n’aurait pu faire qu’un demi-mandat, car « il aurait été atteint par la limite d’âge » fixée à 68 ans, en juin 2017, a expliqué M. Le Foll.
Les considérations partisanes n’ont pas pesé sur le choix de l’Élysée, a-t-il assuré.
Jean-Bernard Lévy a « une carrière neutre en termes politiques donc ce n’est pas par choix partisan, c’est un choix d’efficacité pour une grande entreprise », a insisté le porte-parole.
Le chef de l’État a aussi salué le travail mené par M. Proglio, un chiraquien de coeur nommé à la tête d’EDF en 2009 par Nicolas Sarkozy. Le PDG sortant était donné favori jusqu’à ces dernières semaines, grâce notamment à son bilan jugé positif: la bonne résistance financière d’EDF durant la crise, le désengagement de marchés risqués comme le nucléaire américain, le contrat pour la construction de deux réacteurs EPR en Angleterre, le partage de Dalkia avec Veolia et le maintien d’une relative paix sociale, avec le soutien de la CGT.
Homme de réseaux, l’ex-patron de Veolia Environnement disposait aussi de soutiens au gouvernement et au PS, même si l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 avait failli lui coûter sa place.
Il « a été informé ce matin par Macron (le ministre de l’Économie, NDLR) qu’il ne serait pas reconduit », avait indiqué tôt dans la matinée à l’AFP une source proche du dossier.
Outre la mise en oeuvre de la transition énergétique, Jean-Bernard Lévy devra superviser d’autres gros chantiers, dont le « grand carénage », un plan de 55 milliards d’euros d’investissements prévu jusqu’en 2025 pour moderniser les 58 réacteurs français.
L’objectif est de pouvoir prolonger leur durée de vie au-delà de 40 ans, une mesure qui dépend du feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Par ailleurs, la réforme du mode de calcul des tarifs réglementés de l’électricité pourrait peser sur l’endettement du groupe, qui devra accroître sa maîtrise des coûts, voire ajuster sa politique de dividendes.
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