Publié le 30 janvier, 2013
020 Minutes : Mariage pour tous, échanges de droite et de gauche
L’examen du texte a débuté mardi à l’Assemblée nationale
La standing ovation de ses camarades vient à peine de se terminer que les mots de félicitations envoyés par les députés s’amoncellent déjà sur le pupitre de Christiane Taubira. Pendant 45 minutes, parfois ponctuées par les huées de la droite, la ministre de la Justice a défendu mardi la loi qui ouvre le mariage aux couples homosexuels : « Le mariage a été une institution d’exclusion, il va enfin devenir une institution universelle », estime la garde des Sceaux. Dans l’Hémicycle, l’ambiance s’électrise. « Qu’est-ce que le mariage homo enlève aux couples hétérosexuels ? » – « Rien », répondent les députés PS qui se délectent de certaines attaques. « Vous avez une réelle difficulté à inclure dans vos représentations la légitimité de ces couples, mais vos enfants et vos petits-enfants le font déjà. Nous sommes fiers de ce que nous faisons », lance la ministre.
Les prières de rue de Civitas
L’opposition s’agite. « Ce n’est pas le sujet », « Et les enfants ! », peut-on entendre à droite. « La gauche a perdu toute légitimité en ne présentant pas ce texte au vote des Français. Cette loi divise des familles françaises de gauche comme de droite, il fallait un référendum », lâche Jacques Myard (UMP). « Cette loi est un chiffon rouge pour détourner notre regard de l’emploi. Nous sommes un pays de fous qui va passer des semaines à étudier un texte alors que les entreprises coulent », poursuit Nicolas Dupont-Aignan. La droite, qui a déposé plus 5 300 amendements, se défend de toute obstruction. « Non, il s’agit de dénoncer une folie », estime le député d’extrême droite Jacques Bompard.
Face à l’opposition, la majorité promet d’être disciplinée. « Nous nous sommes organisés, nous serons présents », explique l’écologiste Denis Baupin. De passage dans les couloirs, le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, assure qu’il veillera à la qualité des débats. « Je serai présent à toutes les sessions. Ma présence symbolique est importante. Les députés peuvent être dissipés, mais doivent rester respectueux », explique-t-il avant de se faire remplacer dès l’après-midi. Pendant que les extrémistes catholiques de Civitas prient devant l’Assemblée, les débats se poursuivent. « Il y eut le temps des châtiments, il y eut le temps de la tolérance, est venu celui de l’égalité », estime Erwann Binet, rapporteur du texte. Les débats devraient encore durer deux semaines à l’Assemblée. Un premier vote est prévu le 10 février.
Matthieu Goar