Publié le 31 janvier, 2013
0AFP – Des parlementaires rouvrent le dossier explosif du gaz de schiste
PARIS – Des parlementaires ont rouvert jeudi le dossier explosif du gaz de schiste en donnant le coup d’envoi à un rapport qui vise à évaluer les techniques d’extraction alternatives à la très controversée fracturation hydraulique, bannie depuis 2011 en France.
L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), qui regroupe des élus des deux chambres (Assemblée nationale et Sénat) et de tous bords, a approuvé à l’unanimité une étude de faisabilité rédigée par le député Christian Bataille (PS) et le sénateur Jean-Claude Lenoir (UMP), donnant ainsi le feu vert au lancement d’un tel rapport, qui devrait être publié cet automne.
Cette étude préalable, que l’AFP s’est procurée, souligne que la fracturation hydraulique, technique d’extraction du gaz de schiste interdite en France depuis juillet 2011, est une technique ancienne qui évolue aujourd’hui rapidement sous l’effet de considérations environnementales de plus en plus partagées.
En outre, une alternative, la fracturation au propane, est déjà opérationnelle et mériterait un plus ample examen, tandis que d’autres technologies sont envisagées en recherche et susceptibles d’aboutir à des applications d’ici une dizaine d’années, souligne encore ce pré-rapport.
Nous voulons voir si nous pouvons utiliser des ressources de gaz ou de pétrole de schiste en France, si elles existent, mais pour cela il faut que la recherche se poursuive et que nous ayons des techniques qui permettent de fouiller le sous-sol de façon acceptable, a expliqué à l’AFP Jean-Claude Lenoir.
Cette technologie, très controversée en raison des risques qu’elle fait peser sur l’environnement, et notamment sur les nappes phréatiques, a été interdite en 2011 sous l’ancienne majorité de droite. Le gouvernement Ayrault a réaffirmé cette interdiction, mais le président François Hollande a indiqué fin 2012 qu’il prendrait ses responsabilités si des techniques respectueuses de l’environnement émergeaient.
Bras d’honneur
Des auditions auront lieu dans les mois prochains, suivis de déplacements à l’étranger. Un rapport d’étape sera remis au printemps, avant le rapport final attendu à l’automne. Nous sommes ouverts à entendre toutes les personnes qui le souhaitent notamment des opérateurs, des ONG, des gens qui sont contre, a assuré à l’AFP le sénateur UMP.
Aussitôt, les opposants au gaz de schiste ont dénoncé cette initiative, qu’ils jugent en totale contradiction avec la transition énergétique prôné par le gouvernement, et qui consiste à rendre la France moins dépendante du nucléaire et des énergies fossiles.
Ils ont reçu le soutien de la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, qui lors d’un déplacement à Grenoble a déclaré: l’enjeu de la transition énergétique (…) ce n’est pas d’aller chercher de nouveaux hydrocarbures, et je pense notamment aux gaz de schiste.
Le député écologiste Denis Baupin, membre de l’Opecst mais qui était absent pour le vote, a dénoncé un double mauvais signal, contraire à la lutte contre le réchauffement climatique et qui donne l’impression de contourner les engagements pris et l’opinion publique (majoritairement hostile aux gaz de schiste) sous la pression du seul Medef.
De même, Anne Valette, chargée de campagne Climat pour Greenpeace France, a jugé aberrant de se lancer aujourd’hui dans l’exploitation d’une nouvelle ressource fossile, et ce quelle que soit la technique utiliser, y voyant un bras d’honneur à tous les processus de lutte contre le dérèglement climatique.
Des critiques récusées par M. Lenoir, selon qui, même dans le cadre de la transition énergétique, on peut avancer que le gaz continuera d’être une composante des ressources énergétiques de la France. Et si on en a chez nous, il vaut mieux l’exploiter plutôt que l’acheter à l’étranger, argumente-t-il.