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Publié le 7 juillet, 2008

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Le Monde : Bertrand Delanoë ouvre le chantier des tours de grande hauteur à Paris

Alors que le président de la République a lancé, début juin, une consultation internationale impliquant urbanistes, ingénieurs, chercheurs pour dessiner les futurs contours de la métropole, le maire (PS) de la capitale devait ouvrir, mardi 8 juillet, le chantier longtemps tabou des « hauteurs ».
M. Delanoë soumettra au conseil de Paris l’approbation d’un « processus d’études, de débat et de concertation portant sur l’évolution du paysage urbain parisien sur sa couronne ». Le maire s’engage ainsi dans la voie qui doit le conduire « dès 2009 » à faire évoluer la règle qui empêche, depuis 1977, dans le plan local d’urbanisme (PLU) de construire plus haut que 37 mètres – soit au-delà de dix étages – à Paris.
« Paris n’est pas achevée », écrit M. Delanoë dans l’exposé des motifs du texte qu’il soumettra, mardi, aux élus. Il faut « réintégrer la hauteur dans la ville sans reproduire les erreurs du passé ». S’il s’est prononcé, à titre personnel, depuis 2003 en faveur d’une évolution de la taille maximale des constructions en hauteur, son alliance avec les Verts ne lui a pas permis, jusqu’ici, de faire sauter ce verrou.

A la tête, depuis mars, d’une majorité de gauche plus large, il peut engager cette réforme malgré l’opposition maintenue des écologistes. Les immeubles de grande hauteur sont incompatibles avec le « plan climat » adopté par la Ville en octobre 2007, a fait valoir, jeudi 3 juillet, Denis Baupin (Verts), en charge du développement durable, car ils sont plus consommateurs d’énergie que des bâtiments plus bas. L’adjoint au maire a assimilé la décision de construire plus haut à un « débat d’images » entre M. Delanoë et M. Sarkozy.« Facile » et « caricatural », a répliqué Anne Hidalgo, première adjointe (PS) du maire, chargée de l’urbanisme et de l’architecture. « La question des hauteurs était déjà posée sous la mandature précédente », rappelle Mme Hidalgo.

La droite parisienne, qui s’était opposée au déplafonnement des hauteurs en 2003, a prévu, elle, mardi, de voter la délibération. « L’initiative du président de la République nous a fait bouger », se justifie le président du groupe UMP, Jean-François Lamour. Une partie seulement des troupes UMP pourraient voter contre.
La Ville n’a pas pour autant levé tous les obstacles. Diverses enquêtes ou sondages ont montré, jusqu’ici, que les Parisiens restaient opposés au retour des tours. M. Delanoë espère venir à bout de ces réticences en impliquant, dès l’automne, la population de Paris et des communes voisines dans une réflexion « sur les hauteurs, la densité et les nouveaux quartiers » à l’échelle de la ville à travers des ateliers thématiques avec des « paysagistes, urbanistes, sociologues ».

La possibilité de dépasser le plafond des 37 mètres sera ainsi explorée partout où la Ville construit aujourd’hui, soit sur des chantiers qui couvrent un peu moins de 10 % du territoire parisien, aux pourtours de la capitale. La mairie souhaite dresser un « inventaire » des secteurs où construire en hauteur serait possible. Elle retient d’ores et déjà six sites près du périphérique : Bercy-Charenton (12e), Masséna-Bruneseau (13e), Porte de Versailles (15e), les Batignolles (17e), Porte de la Chapelle (18e) et Porte de Montreuil (20e).
Construire plus haut est, selon la Ville, une nécessité pour atteindre l’objectif de 27 000 logements neufs sur la nouvelle mandature (soit 4 500 par an, contre environ 3 000 aujourd’hui). « Il ne s’agit pas pour autant de faire des barres autour la ville, assure le cabinet de Mme Hidalgo. Mais d’envisager de rehausser les immeubles d’habitation de trois à quatre étages. » La mairie n’envisage pas de logements sociaux dans des immeubles de plus de 50 mètres : au-delà de quinze étages, la réglementation impose, en effet, des contraintes en matière de sécurité et des charges trop lourdes à supporter pour les copropriétés.

L’enjeu pour M. Delanoë n’est pas seulement de répondre aux besoins de logement. Il est aussi de contrer les attaques de la droite et de M. Sarkozy qui l’accusent d’avoir laissé Paris devenir « une ville-musée ». Quelques gratte-ciel qui abriteraient des bureaux et des activités commerciales donneraient à Paris le « visage » d’une ville « plus dynamique », explique-t-il, à condition qu’ils soient « de véritables oeuvres architecturales ». Bien que les Verts lui en fasse la demande, M. Delanoë n’entend pas soumettre ses projets urbains à référendum. M. Sarkozy en a, en revanche, caressé l’idée devant les dix architectes qu’il a reçus à l’Elysée le 4 juin.

Béatrice Jérôme

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