« La France se bat au côté des associations pour non seulement maintenir, mais pérenniser cette aide », a assuré M. Bartolone, en présence des représentants des quatre associations gestionnaires du programme en France : les Restos du coeur, le Secours populaire français, les banques alimentaires et la Croix-Rouge française. Rappelant que le PEAD permet aujourd’hui de venir en aide à 18 millions d’Européens, il a estimé que « porter atteinte à ce programme d’aide aux plus démunis serait une remise en cause d’une certaine idée de l’Europe« .
Depuis deux ans, le PEAD, fondé sur une utilisation des excédents des stocks agricoles, est en sursis. La réduction de ces excédents a conduit une partie des pays contributeurs, dans un contexte de crise économique et budgétaire, à contester le montant de son financement, et même son principe. Plusieurs d’entre eux, Allemagne en tête, considèrent que cette aide aux plus démunis ne devrait plus relever de la politique européenne mais des seuls Etats membres.
OBJET DE TENSIONSLa Commission européenne propose la création d’un nouveau fonds, aux contours plus larges que l’aide alimentaire et qui serait inclus dans le Fonds social européen (FSE). Sa dotation reste cependant un objet de tensions : la Commission a proposé 2,5 milliards d’euros sur la période 2014-2020, le dernier Conseil européen a débattu sur la base d’une enveloppe de 2,3 milliards. Cela représente une baisse de 20 à 25 % par rapport à la somme allouée pour la seule aide alimentaire. Ce sujet de contentieux doit être abordé par les responsables français et allemands à l’occasion des rencontres célébrant le 50e anniversaire du traité de l’Elysée.
« La clé est à Berlin », a appuyé Bruno Le Maire (UMP). L’ancien ministre de l’agriculture a estimé que, si l’Allemagne avait gagné sur le plan juridique, l’aide aux plus démunis « pose la question du sens de l’Europe ». « Ce n’est pas un sujet budgétaire, c’est un sujet idéologique. Nous aurons à coeur de faire partager cette vision à nos collègues allemands », a appuyé Jean-Louis Borloo (UDI).
« L’Assemblée nationale est aussi dans son rôle quand elle se mêle de ce qui, a priori, ne la regarde pas « , s’est félicitée Seybah Dagoma (PS), estimant que « la préservation du PEAD est une question vitale ». « Notre rôle n’est pas seulement d’accompagner la pauvreté, il est d’abord de s’attaquer aux sources, a convenu Denis Baupin (écologiste). Mais le montant de cette aide ne peut décroître alors que les besoins sont croissants. » « C’est une question de morale politique », a résumé André Chassaigne (PCF), tandis qu’Annick Girardin (PRG) a jugé la proposition européenne « inacceptable en l’état ».
Le projet de fonds européen d’aide aux plus démunis fera l’objet d’un débat en séance jeudi 24 janvier.