Publié le 4 juillet, 2012
0Le Monde: Pour lutter contre le bruit, Paris teste un nouveau macadam sur le boulevard périphérique
Le 3 juillet 2012
Paris et Lyon vont-ils réussir à diminuer le bruit ? Associées à deux observatoires, Bruitparif et Acoucité, les deux métropoles sont engagées dans un projet européen, « Harmonica », pour tenter de cartographier les nuisances sonores et tester des dispositifs innovants de lutte contre la pollution sonore.
Alors qu’à Lyon un premier travail d’enquête s’engage pour élaborer un nouvel indice sonore avec la population, deux expérimentations sont en cours à Paris pour lutter contre le bruit de la circulation et de la rue. L’une sur les terrasses des bars dans le 11e arrondissement, l’autre sur le périphérique.
Sur cet axe le plus bruyant de la capitale, qui expose plus de 100 000 habitants sur un parcours de 35 kilomètres, des campagnes de mesures réalisées par Bruitparif ont révélé des niveaux sonores qui excèdent systématiquement les valeurs limites réglementaires, de jour comme de nuit. 61 000 personnes subiraient le bruit du périphérique, sans répit.
DANGER POUR LA SANTÉ À PARTIR DE 85 DÉCIBELS
Entre le 25 et le 29 juin, le revêtement de la chaussée de cette autoroute urbaine a été remplacé par une nouvelle couverture acoustique sur la portion comprise entre la porte de Vincennes et le pont de Lagny. Le procédé, selon le fabricant, est censé apporter une diminution de l’ordre de 7 à 8 décibels (dB), soit l’équivalent d’un trafic diminué par 8.
Cinq stations de mesures permanentes ont été installées sur le terre-plein central et sur les façades des immeubles afin d’évaluer l’impact de l’opération. Des mesures seront également réalisées dans un véhicule avec un mannequin acoustique capable d’enregistrer les niveaux sonores perçus par l’oreille humaine. Avant le démarrage des travaux, les indicateurs placés sur cette portion expérimentale ont indiqué des valeurs entre 76 et 83 dB (A). C’est considérable, car les spécialistes de Bruitparif estiment qu’il y a danger pour la santé à partir de 85 dB (A).
« BAISSER D’UN TON »
Mais un changement de revêtement ne sera pas suffisant. Pour diminuer véritablement le bruit, comme la pollution de l’air sur le périphérique parisien, les experts recommandent de réduire la vitesse de circulation, en particulier la nuit, de diminuer le trafic et de couvrir partiellement ou totalement l’ouvrage.
Une autre action, baptisée « baisser d’un ton », est menée sur les terrasses parisiennes, qui, depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, sont devenues le salon des noctambules, provoquant conflits et exaspérations des riverains. Cinq stations de mesures ont été installées sur les terrasses de la rue Jean-Pierre Timbaud dans le 11e arrondissement de la capitale, pour évaluer le volume sonore extérieur des établissements.
A partir de septembre, des systèmes d’alerte seront expérimentés. Lorsqu’un seuil, défini en concertation avec les riverains, Bruitparif et la municipalité, aura été franchi, les propriétaires recevront une alerte par SMS. A l’image des radars contrôlant la vitesse des automobilistes sur les routes, des panneaux installés sur les terrasses pourront indiquer aux clients et aux patrons le niveau sonore en temps réel. Le feu rouge indiquera un excès de voix…
Sophie Landrin