J’entends souvent dire que dans la campagne présidentielle précédente, on aurait plus parlé d’écologie. Oui, on en a parlé au moment du pacte écologique de Nicolas Hulot, mais il a été fait et on n’en a plus reparlé ensuite. Ça avait tué le débat dans la campagne. Là, on n’a jamais autant parlé d’écologie et des problématiques d’énergie que dans cette campagne là, de toute la Ve République.
Pourquoi la crise ne balaie pas l’écologie de la campagne ? Parce que les causes de cette crise économique sont profondément écologiques, et les réponses elles-mêmes le sont.
Les crises actuelles, les subprimes, la crise des États européens sont des crises d’endettement liées au fait que le système économique dans lequel nous sommes, pour exister, a besoin de la croissance. Et quand il n’est plus capable de la faire, il la simule en faisant de l’endettement. C’est un cercle vicieux, la cause est fondamentalement liée au mode de développement et se heurte d’autant plus à une incapacité à être résolue qu’elle a engendré des conséquences écologiques qui se retournent aujourd’hui contre l’économie.
La surexploitation des ressources naturelles, et notamment du pétrole, est l’une des causes majeures des récessions. Si on continue dans ce système, on se retrouvera à re-consommer massivement du pétrole, ce qui pousse les prix vers le haut parce que la consommation est plus importante que la récession que la production , Et c’est cette nouvelle hausse qui provoque la récession. La boucle est bouclée.
Pour une mutation écologique, économique et sociale
Il faut traiter les causes. La démonstration est faite, dans des pays comme l’Allemagne, qu’on peut avoir une politique qui répond au souci écologique tout en étant créatrice d’emploi et qui réponde à des enjeux de justice sociale comme de pouvoir d’achat.
Un exemple : la réhabilitation thermique d’un logement est bonne :
- pour l’environnement parce qu’elle réduit la facture énergétique ;
- pour le social parce que les précaires énergétiques voient leur facture baisser
- pour l’économie parce que c’est extrêmement créateur d’emplois non délocalisables
Il y a une mutation industrielle et énergétique opérée par l’Allemagne et pas mal d’autres pays dans le monde qui consiste à passer d’une économie intensive et petrodépendante vers l’économie verte, qui porte des réponses aux aspects écologiques tout en soutenant l’emploi. La France a raté ce tournant car on est persuadé qu’avec le nucléaire on n’a pas besoin de faire d’économies.
C’est un raisonnement bien plus complexe à formuler que le discours dominant qui consiste à dire qu’on a une baguette magique qui s’appelle la croissance et qui va tout résoudre. Ça fait des décennies qu’on nous raconte la même histoire, on va dans le mur.
Nous n’avons pas réussi, et c’est notre faiblesse, à rendre notre discours aussi lisible que l’est celui sur la croissance. C’est tout l’enjeu des deux mois à venir.