Publié le 3 novembre, 2011
0PS et EE-LV négocient un climat de confiance
Libération – 3/11/2011
Programme. Socialistes et écologistes ont entamé les discussions en vue d’un accord pour 2012.
Dignes d’un sommet international. Les négociations entre écologistes et socialistes sur un double accord – programmatique et électoral – ont repris hier à Paris· sur un mode diplomatique éprouvé : «prérencontre» en petites délégations dans un café du boulevard Saint-Germain, intégrant les proches du candidat à l’Elysée François Hollande – Michel Sapin et Bruno Le Roux – avant une séance plénière puis en groupes de travail au siège du PS.
Avec comme objectif, à l’instar d’une réunion de l’OMC, de rédiger pour le début de la semaine prochaine un «texte à crochets», c’est-à-dire élaborer une liste de sujets faisant consensus mais laissant les points durs ouverts à compromis ou non. Nucléaire en tête mais aussi «infrastructures productivistes» – la terminologie écologiste pour désigner les autoroutes ou le futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, casus belli probable entre les deux partis – ou encore la dose de proportionnelle à instiller dans les législatives et la retraite à 60 ans.
«Rude».
«On continue de manière quasi notariale sur tous les sujets pour en aplanir le plus possible», rapporte le socialiste Philippe Martin.«11 va y avoir des contacts soutenus tout le week-end», euphémise Jean-Vincent Placé, conseiller spécial de Cécile Duflot, la patronne d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV). L’idée est de parvenir à un texte qui pourra être soumis au bureau national du PS le 15 novembre, puis au conseil fédéral d’EE-LV le 19 novembre. Alors que les discussions entre un PS dirigé par Martine Aubry et EE- LV, qui a sa candidate à l’Elysée depuis juillet, Eva Joly, durent depuis plus de six mois, c’est un peu comme si on repartait à zéro après la primaire socialiste, même si les deux délégations le nient. L’état-major d’EE-LV ne faisait pas mystère de sa proximité de vues avec Aubry sur la sortie du nucléaire quand Hollande défendait la réduction de la part du nucléaire à 50% dans le mix énergétique en 2025.
Sur ce point comme sur la centrale EPR de Flamanville, «si le candidat présidentiel socialiste reste sur ses positions de la primaire, cela voudra dire qu’il ne veut pas d’accord» ,prévient Placé. «La discussion va être rude mais l’ambiance est bonne», admet néanmoins le sénateur vert.
D’ailleurs, selon Laurence Rossignol, secrétaire nationale du PS à l’environnement, «tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui que 50% en 2025, c’est un objectif ambitieux». Certes, mais les écologistes exigent de voir à plus long terme. «Si on nous dit que 2025 est une première étape pour ensuite sortir du nucléaire, alors on ne sera pas loin d’un accord mais encore faut-il l’écrire noir sur blanc», estime Denis Baupin, chef de la délégation EE-L V, qui sent «une volonté d’aboutir des deux côtés» . Sauf que sur Flamanville, l’élu parisien ne «voit pas les écolos dans un gouvernement qui construit une centrale». A bon entendeur …
«Poussière».
Pour les législatives, EE- LV revendique une trentaine de députés en cas de victoire de la gauche, 15 en cas de défaite, de quoi former un groupe à l’Assemblée. «Les meilleures négociations sont celles qui sont secrètes» , rappelle François Lamy, bras droit d’Aubry. Hier, la délégation EE-L V restait sur sa faim après avoir assisté à un rééquilibrage postprimaire côté PS. Pas uniquement entre hollandais et aubrystes : Dominique Bertinotti et Pascale Boistard participent désormais aux négociations, chargées de veiller respectivement aux intérêts des proches de Ségolène Royal et de Laurent Fabius. «On va laisser la poussière de la primaire retomber pour y voir plus clair», glisse un écologiste .
Laure BRETTON