Publié le 21 janvier, 2011
0Respirer ou rouler ? C’est l’heure du choix
Six agglomérations vont tester, dès 2012, les “zones d’action prioritaires pour l’air” (Zapa). Il s’agit d’interdire aux véhicules les plus polluants de circuler dans les centres-villes. Une réforme qui fait grincer des dents.
Dès 2012, la circulation dans six agglomérations va être bouleversée. A quoi les automobilistes peuvent-ils s’attendre ? Débattues cette année, mises en place en 2012 pour une durée de trois ans, les “zones d’action prioritaires pour l’air” (Zapa) mobilisent les énergies du côté des pouvoirs publics (ministère de l’Ecologie, Ademe) comme des six agglomérations cobayes (*). Les détails du dispositif sont loin d’être arrêtés. Mais à l’image de Paris, qui planche sur le sujet depuis 2007 avec son plan de déplacements de Paris (PDP), bien des pistes de réflexion ont déjà été explorées. De quoi tenter un premier état des lieux.
Le chiffre : 8,2
C’est l’âge moyen par voiture pour le parc automobile français. Celui-ci comprend 37,5 mil-lions de véhicules.
Combien de véhicules seront concernés par une éventuelle interdiction de circuler ?
Il est trop tôt pour le dire. Pour faire le tri, les villes-tests vont s’appuyer sur la nouvelle classification de la pollution automobile sur laquelle planche le gouvernement. A l’inverse du système de bonus-malus écologiques existant, qui ne mesure que le gaz carbonique (CO2), le décret hiérarchisera les véhicules en fonction de leur pollution “globale”, incluant les émissions de dioxyde d’azote et de particules. Principaux visés : les vieux modèles, diesels en tête, et les gros moteurs, ceux des berlines haut de gamme et des 4×4. Certitude : avec un âge moyen de 8,2 ans par voiture pour un parc automobile français de 37,5 mil- lions, cela fera beaucoup d’interdits de séjour. Les deux-roues et les poids lourds sont aussi concernés.
Quel seront les périmètres visés ?
A chaque collectivité de les établir. Paris, qui collabore avec 180 de ses communes voisines, planche par exemple sur quatre scénarios. Les deux premiers répondent à une approche géographique : la zone interdite serait définie soit par le tracé du boulevard périphérique, soit carrément par l’A86, la seconde ceinture de la capitale ! Sous-question commune : retenir ou non le périphérique et l’A86 dans la zone d’exclusion. Les deux autres solutions s’appuient sur les cartes de densité du trafic et de pollution. La première engloberait l’ensemble des autoroutes et des grands axes autour de Paris ainsi que le boulevard périphérique ; la seconde se limiterait au seul périphérique. Cette dernière solution, la moins impactante pourtant, concernerait déjà plus d’un million de véhicules chaque jour.
Y aura-t-il interdiction totale de circuler pour les véhicules bannis dans la zone définie ?
Oui, mais avec des dérogations. Distinguo, par exemple, entre les notions de transit et de destination (livraison). Par ailleurs, les villes envisagent une entrée en service graduée des mesures.
Quels seront les moyens de contrôle et les sanctions ?
Aux collectivités de décider. Un macaron de couleur sous le pare-brise, à l’allemande ? Un contrôle vidéo des plaques d’immatriculation, à la londonienne ? La première solution impose un coûteux dispositif humain de contrôle, la seconde un coûteux dispositif d’installation de l’électronique, fixe et embarquée. “Vous imaginez le nombre de caméras qu’il faudra mettre sur l’A86 (78 km de développement, ndlr) ?” s’interroge un acteur du dossier parisien. Les sanctions seront définies par décret gouvernemental.
Les conducteurs aux revenus les plus modestes ne seront-ils pas les premières victimes du dispositif ?
Si, et le sujet est très sensible. “Il faut proposer des accompagnements pour éviter l’injustice”, dit-on à l’Ademe. Parmi les compensations étudiées par Paris : aide à l’achat d’un véhicule plus propre, abonnements à Auto-Partage ou AutoLib, transports publics gratuits.
Le calendrier sera-t-il tenu malgré l’élection présidentielle, en mai 2012 ?
Il est certain que l’impopularité accompagnant l’entrée en service des Zapa sera bien soupesée. Mais la menace d’une amende record de la part de Bruxelles, qui ne supporte plus le retard de la France dans le domaine, laisse à penser que les choses ne devraient pas trop prendre de retard.
* Quelles sont les six agglomérations cobayes ?
Grand Lyon (69), Grenoble-Alpes Métropole (38), Clermont Communauté (63), Pays d’Aix (13), Plaine Commune (93) et Paris.