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Publié le 28 mars, 2008

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LE MONDE : Boycottage des JO : halte au bal des faux-culs, par Denis Baupin

Bernard Kouchner, autrefois chantre du droit d'ingérence, devenu aujourd'hui encenseur des dictateurs du monde entier, a au moins eu le mérite de l'honnêteté. A la question : "Est-ce que la position de la France n'est pas limitée par la puissance économique de la Chine ?", il a benoîtement répondu : "En effet, ça rend les choses plus difficiles !"

Tout est dit. Ah ! Si le Tibet avait l'envie et les moyens d'acheter des réacteurs nucléaires de type EPR ! Tout à coup les droits de l'homme seraient de nouveau cotés au CAC 40. Mais là, franchement, un dalaï-lama insolvable, c'est bien pour faire des photos dans les palais présidentiels, histoire de laisser croire qu'on résiste à la Chine, mais ça vaut pas un kopeck dans la realpolitik de la soi-disant rupture !

SUMMUM DE L'HYPOCRISIE

Quant aux Jeux olympiques, et leur éventuel boycottage, on atteint le summum de l'hypocrisie. On ne pourrait les boycotter car le dalaï-lama serait contre le boycottage ! Utile paravent dans le bal des faux-culs : là tout à coup, on l'écoute de nouveau… ou du moins on fait semblant. Car ce qu'il a dit est tout à fait différent, lui n'appelle pas au boycottage. Vu sa culture, le rapport de forces et la répression exercée sur son peuple, on ne peut que saluer son sens de la modération. Mais de là à laisser croire qu'il serait opposé à des mesures de rétorsion de la part d'Etats souverains qui, eux, ont les moyens de peser…

Deuxième argument : boycotter les Jeux ferait des sportifs les victimes. Quoi qu'on pense de cette gigantesque "machine à pognon" que sont les Jeux olympiques, on ne peut balayer cet argument d'un revers de main. Pour autant, ceux-là mêmes qui instrumentalisent les droits des sportifs à des fins économiques et commerciales oublient un peu vite que les JO ont construit leur image sur une charte, sur une éthique humaniste qui, dans la tradition grecque supposait que tout conflit, toute guerre, s'arrêtent pendant la "trêve olympique". Qui pourrait prétendre que les sportifs seraient à ce point inhumains qu'ils seraient prêts à concourir si le Tibet continuait d'être réprimé, de baigner dans le sang ?

On n'en est pas là aujourd'hui. Entre la complaisance de la "diplomatie" française et le boycottage pur et simple, une gamme étendue de moyens sont utilisables, visant à faire pression sur la Chine en menaçant de la priver de ce qu'elle cherche avant tout en organisant les Jeux : la respectabilité internationale.

Reporters sans frontières a proposé le boycottage de la cérémonie d'ouverture. Dès le mois de décembre 2007, le groupe des Verts au Conseil de Paris, malgré l'opposition des autres forces politiques dans l'Hémicycle proposait que le passage de la flamme olympique à Paris soit l'occasion d'ériger des portraits géants de victimes de la dictature chinoise et de présenter une vaste exposition, sur l'espace public, consacrée aux droits humains en Chine.

Bien d'autres initiatives sont envisageables. A deux conditions : avoir la volonté politique de mettre les droits de la personne humaine avant les intérêts économiques ; ne jamais exclure d'aller au bout de la pression, à savoir le boycottage total, si la Chine n'arrête pas la répression.

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