Publié le 29 juillet, 2010
0Avenir du nucléaire français et privatisation d’AREVA : une fuite en avant obsessionnelle… vers le passé
Europe Ecologie – Les Verts / Communiqué de presse du 28 juillet 2010
Avenir du nucléaire français et privatisation d’AREVA
une fuite en avant obsessionnelle… vers le passé
Paris, le 28 juillet 2010 – Après l’avoir classé Secret Défense, l’Elysée publie la synthèse du rapport sur l’avenir du nucléaire français et annonce l’ouverture du capital d’Areva à tous les vents. L’obsession du développement international du nucléaire français frappe à nouveau au sommet de l’Etat.
D’un côté le rapport Roussely nous explique qu’il faudrait revenir au monde merveilleux des années 70 avec son programme nucléaire triomphant : opérateurs aux ordres, propagande, soutien massif et permanent de l’Etat… Qu’on en juge : un ministère de l’énergie dédié au nucléaire (certes 78% de l’électricité mais seulement 17% de l’énergie consommée), éducation à l’énergie dès le primaire pour renforcer l’acceptabilité du nucléaire (sic), coopération renforcée antre CEA, AREVA et EDF, renforcement du rôle promoteur de l’Etat, promotion du retraitement etc.
D’un autre côté, le rapport explique qu’il va falloir trouver les moyens de rendre le nucléaire attractif pour les investisseurs privés et on annonce l’ouverture du capital d’AREVA avec appel du pied aux concurrents et pétrodollars du Golfe.
« Si on traduit en français ça veut dire que l’Etat va subventionner toujours plus aux frais du contribuable, pour que des grands groupes multinationaux puissent mettre en oeuvre sa stratégie de prolifération mondiale d’une technologie nucléaire nationale. » souligne Hélène Gassin.
Certes le rapport Roussely confirme implicitement le désastre industriel de l’EPR. Mais au lieu d’en tirer les conclusions logiques (l’abandon de cette filière) et de mener une analyse stratégique du marché réel et des concurrents, il se contente de proposer des réacteurs plus petits et des partenariats nucléaires aux chinois…
Selon Djamila Sonzogni « Comme dans les années 70 (où l’aveuglement français avait conduit à des hypothèses irréalistes de développement, un parc surdimensionné et un échec total de la stratégie d’exportation) la France s’enferme dans son isolement quand le reste du monde mise sur les énergies renouvelables. Jusqu’à quand allons nous continuer ? »
Les réponses sont bien évidemment ailleurs.
Plutôt que de prolonger à grand frais et grand risque les réacteurs français en augmentant les tarifs de l’électricité pour le financer, il est urgent de faire une analyse détaillée et un peu plus objective de l’avenir du secteur. Comme nous l’avions proposé à la commission Roussely lorsque nous avions été auditionnés, les salariés et entreprises du nucléaire ont un marché évident pour utiliser leurs réels savoir faire : le démantèlement des installations semées sur notre territoire et dans le monde par 50 ans d’obstination nucléaire. C’est un marché d’avenir considérable et pour des décennies.
« L’obsession nucléaire française a assez duré. On recommence à confondre politique énergétique et industrie nucléaire, on tue le développement des énergies renouvelables et, comme au temps du minitel, on s’entête dans une voie sans avenir, seuls contre le monde entier… c’est pathétique ! » conclue Denis Baupin.