Publié le 2 avril, 2010
0Paris tente l’expérience des mini-éoliennes
Miser sur le vent pour produire de l’énergie propre en milieu urbain, c’est l’idée défendue par la capitale, où deux mini-éoliennes ont été inaugurées jeudi. Une initiative novatrice au moment où un rapport parlementaire épingle cette technologie.
Avec leur mètre soixante de haut et leur coque immaculée qui leur donne l’air de gros pots de yaourt, les mini-éoliennes qui trônent depuis une semaine sur un immeuble de Belleville dans le XXe arrondissement parisien ressemblent peu aux éoliennes traditionnelles. Leur technologie innovante est pourtant source d’espoir pour la Ville de Paris, désireuse de développer les énergies vertes.
Prêtés à la municipalité par la société Elena Energie qui les a conçus et construits, les deux appareils vont être testés pendant un an. Ils devraient produire l’équivalent des besoins en électricité de six foyers. «En une petite semaine, ces éoliennes ont déjà produit 275 kW/h, indique Yann Roye, responsable production et chantier chez Elena Energie. A titre de comparaison, une famille ne se chauffant pas à l’électricité consomme 4 000 kW/h par an». Installées sur la Maison de l’air, un lieu d’exposition dédié à l’air, les appareils en alimentent directement les locaux. Le surplus éventuel est revendu à EDF.
Totalement silencieuses
Une telle expérience ne peut être menée qu’avec un modèle adapté au milieu urbain, pas seulement en termes de taille. «La nouveauté de ces mini-éoliennes, ou ‘aérogénérateurs’, est qu’elles peuvent fonctionner même avec des vents faibles et perturbés, comme ceux que l’on trouve en ville», explique Yann Roye. «En outre, elles sont totalement silencieuses et ne risquent donc pas de gêner les riverains». Le modèle breveté Elena doit sa discrétion et son efficacité à l’installation d’un double retors (hélice) entouré d’un profond carénage (coque) qui lui donne cette silhouette inhabituelle.
Facile à installer une journée peut suffire mais réservée aux toits terrasse, la mini-éolienne peut en outre être aisément reliée au réseau électrique. «Nous avons négocié avec ERDF pour que les délais de raccordement ne dépassent pas quatre semaines», indique Denis Baupin, conseiller municipal chargé du développement durable pour la ville de Paris, précisant toutefois que le projet n’est encore qu’en phase de test. Il en coûterait environ 22.000 euros, crédit d’impôts non compris, aux particuliers ou aux organismes souhaitant se lancer. Les mini-éoliennes ont déjà été expérimentées à Laval et un chantier est en préparation à Saint-Priest, dans le Rhône.
Les hauteurs privilégiées
Ces appareils ne peuvent néanmoins pas être installés n’importe où. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a ainsi listé les sites propices à Paris situés principalement sur des hauteurs : Belleville, Montmartre, les Buttes-Chaumont. A ces contraintes techniques s’ajouteront, si le projet devait être étendu, le respect du paysage. «Il faudra alors contacter les Architectes des bâtiments de France», prévoit Denis Baupin.
L’introduction d’éoliennes sur les toits de la capitale s’inscrit dans une réflexion plus large menée à Paris sur le développement des énergies propres. «Nous souhaitons utiliser tous les potentiels énergétiques existants en ville pour réduire notre dépendance, et nous sommes ouverts à tout», explique Denis Baupin. Et le fait qu’un récent rapport parlementaire, conduit par le député UMP Patrick Ollier, dénonce le manque de rentabilité de l’éolien ne l’inquiète pas, au contraire. «C’est justement le bon moment pour prouver les bénéfices de l’éolien face aux partisans du nucléaire», assure-t-il.