Publié le 1 mars, 2010
0Augustin Legrand booste Cécile Duflot
Le porte-parole des Enfants de Don Quichotte a disputé la vedette, dimanche à Paris, à la secrétaire nationale des Verts. Reportage.
La rue d’Aligre grouille du marché du dimanche, à peine perturbé par le militantisme des candidats en Ile-de-France. Leur voix se perd dans la foule, leur paquet de tracts ne s’amincit pas. Il est midi passé et les représentants de la gauche sont éclipsés par la petite troupe d’Europe Ecologie. Plus mobile, plus avenante, plus « starisée » aussi, elle s’appuie sur la notoriété croissante de Cécile Duflot, tête de liste en Ile-de-France, et sur la popularité à son zénith d’Augustin Legrand, le porte-parole des Enfants de Don Quichotte, en troisième position à Paris.
« Ah, un supporteur ! », lance-t-il à un badaud moulé dans un pull-over vert. « Non, non, répond celui-ci, moi je vote à gauche. » « Mais nous aussi, on est de gauche ! », rétorque Augustin, toujours prompt à lancer le débat. Cette fois, il ne trouve pas prise. Le vieux monsieur se contente de plier le tract et de le ranger soigneusement dans sa poche. « C’est une bête de campagne, sourit Stéphane Sitbon. Sa candidature ne relève pas du gadget, il est vraiment très impliqué. On voulait le cantonner à la problématique du logement mais il s’est emparé de toutes les thématiques défendues dans notre projet. En matière de transports, il est bluffant : ce n’est certes pas un technicien, mais il connaît très bien le dossier. » Electron libre, Augustin Legrand s’épanouit dans le mouvement. « Une ruche », tel qu’il se plaît à le qualifier.
Denis Baupin : « Cécile assure »
Cécile Duflot bourdonne à quelques encablures, dans un style différent. Le sourire est plus timide, le ton moins enflammé. Mais cette brune de 34 ans a aussi ses supporteurs. « Je vous aime, lui susurre une femme d’une quarantaine d’années. Vous êtes belle, rayonnante et rafraîchissante. Bonne chance ! » La secrétaire nationale des Verts rougit. « Maintenant, on me reconnaît dans la rue. On me dit des choses vraiment gentilles et, surtout, on me demande de ne pas changer. Cela tombe bien, car je n’en ai pas l’intention ! » Adepte du naturel et de la spontanéité, elle a d’ailleurs refusé de prendre des cours de coaching médiatique.
Quelques mètres plus loin, Denis Baupin fait campagne à ses côtés. Alors qu’il s’est présenté contre elle pour prendre les rênes du parti en novembre 2006, le maire adjoint de Paris se dit « surpris et séduit ». « Cécile apporte une bouffée d’air au mouvement, explique-t-il. Elle incarne la jeunesse, le renouvellement politique, la militante non politicienne, la mère de famille qui travaille tous les jours… Elle assure, si bien qu’elle a apporté la preuve de sa crédibilité et de sa légitimité. Cela rejaillit sur le mouvement : on sent une vraie sympathie pour Europe Ecologie. Je n’ai jamais été aussi heureux de faire campagne qu’aujourd’hui. »
Un enthousiasme conforté par les derniers sondages, qui créditent les écologistes de 12 à 15 % des voix, le 14 mars prochain. Un score historique qui leur permettrait de s’affirmer comme « troisième force politique nationale » et de peser au deuxième tour. Sans tensions ? « Les négociations avec les socialistes ne seront pas aussi difficiles qu’on le prédit. Je ne vois pas de sujet sur lequel nos vues seraient diamétralement opposées. Et nous avons l’habitude de travailler ensemble », assure Denis Baupin. Un optimisme à valider dans trois semaines.