Le Parisien : Paris Vélib’ fête ses 2 ans … sans flonflons

Pour ses deux bougies, Vélib’ ne sortira pas les cotillons. L’an dernier, des vélos en libre-service avaient triomphalement descendu les Champs-Elysées, juste avant l’arrivée du Tour de France. Cette année, l’anniversaire a été marqué par un simple communiqué d’autosatisfaction de la mairie de Paris et de JCDecaux, le gérant de Vélib’. Si les deux parties dressent un bilan très positif du système, elles se montrent discrètes … car la Ville et Decaux sont en pleine renégociation du contrat.
Les chiffres l’attestent: Vélib’ est un grand succès. Il y a un an, 26 millions de locations avaient été effectués. Aujourd’hui, ce score s’élève à 54 millions. La popularité s’avère donc constante avec des records pendant l’été … et les jours de grève.

Depuis février, il a passé le périph

Mais à Paris, les vols et les dégradations ont aussi atteint des sommets. JCDecaux annonce 8 000 vélos volés et 16 000 dégradés (dont 8 000 non réparables). Le 27 mai, JCDecaux et la Ville de Paris ont mis En deux ans, Vélib’, c’est: 1 450 stations à Paris 20 600 vélos à Paris 300 stations en banlieue 3 400 vélos en banlieue en place une campagne de sensibilisation sur la dégradation des Vélib’. Un dessin de Cabu souligné de ce slogan: « Casser un Vélib’, c’est facile … il ne peut pas se défendre » a été placardé dans tout Paris.
Quelles seront les dégradations en banlieue? Depuis février, les Vélib’ se sont installés en petite couronne. L’objectif est de couvrir 30 communes limitrophes. A ce jour, 21 villes ont » inauguré leurs stations. Et JCDecaux annonce déjà plus de 200 000 trajets de Paris à banlieue et près de 180 000 dans l’autre sens.

Résultat, il faut recalculer les approvisionnements. De nombreux mois d’étude ont en effet permis d’améliorer les flux de circulation dans la capitale et d’adapter le système de régulation (qui permet – en théorie – d’avoir autant de vélos dans les stations du centre que dans celles de la périphérie). Basé sur la circulation des camionnettes qui réapprovisionnent constamment les stations, ce système « doit désormais être remis à plat ». Il y en a pour un an d’observations à Paris et en banlieue, souligne-t-on chez JCDecaux.

Or, c’est justement le moment choisi par les deux parties pour renégocier leur contrat. Initialement, celui-ci a octroyé à JCDecaux le quasimonopole de l’affichage publicitaire sur le mobilier urbain parisien pendant dix ans. En échange, c’est la Ville qui empoche les recettes générées par la location de Vélib’. Le contrat prévoit que JCDecaux touchera un intéressement de 12 % sur les recettes si le parc est bien entretenu … Mais, à ce jour, JCDecaux n’a rien touché.

Victime de la crise du marché publicitaire, JCDecaux, entend bien changer la donne. « L’entreprise joue toutes les cartes possibles, confie-ton à la mairie de Paris. Elle met en avant l’ampleur des dégradations, la difficulté d’assurer le réapprovisionne ment des stations en banlieue … Mais nous, nous voulons d’abord qu’ils améliorent la régulation et les services du centre d’appels. ». La négociation s’annonce acharnée. Personne n’a donc le coeur à souffler les deux bougies.

Pistes cyclables : Paris piétine

Quelque 13,3 KM de pistes cyclables supplémentaires prévues pour 2009 : le bilan est bien maigre pour les adeptes de la petite reine. On est loin des 150 km réalisés de 2001 à 2007, quand Bertrand Delanoë et son équipe imposaient sur les grands axes des pistes cyclables, ouvraient les couloirs de bus, inventaient les contre-sens et les pistes à double sens.
200 km en plus en 2014 « Le plan d’aménagement pour la nouvelle mandature sera présenté à l’automne, promet-on au cabinet d’Annick Lepetit, adjointe (PS) de Delanoë en charge des transports et des déplacements. La mairie assure que 200 km de pistes supplémentaires sont prévus d’ici à 2014. Il n’empêche: le Vélib’ et les milliers de nouveaux cyclistes jetés sur le pavé parisien depuis deux ans ont démontré que Paris n’était pas encore assez adapté aux deux-roues. Circuler à la périphérie ou aux portes de la capitale est un cauchemar. La cohabitation avec les bus dans les couloirs n’est toujours pas pacifiée.

Certaines pistes sont décriées, sur les boulevards Magenta ou Jaurès, quand d’autres grands axes en sont toujours dénués. « Il y a besoin d’une nouvelle impulsion, on a un peu marqué le pas », estime Denis Baupin, élu des Verts qui était adjoint aux déplacements jusqu’en 2008. Les associations de cyclistes comme Vélorution se sentent abandonnés. Seule vraie innovation cette année : la mairie de Paris va tester le « tourne à droite », c’est-àdire autoriser les vélos à passer au feu rouge s’ils tournent à droite.

S.R.