Publié le 19 janvier, 2009
0Le Monde : Les Verts marginalisés dans leur alliance avec Daniel Cohn-Bendit pour les élections européennes
Lors d’un conseil national, samedi 17 et dimanche 18 janvier, les Verts ont validé leurs têtes de listes et donné leur dernier aval à l’alliance Europe écologie que l’eurodéputé Vert allemand Daniel Cohn-Bendit a initié avec José Bové, Yannick Jadot (ex-Greenpeace) et Jean-Paul Besset (bras droit de Nicolas Hulot). Mais s’ils ont affiché leur « enthousiasme » pour cette campagne, ils ne parvenaient pas à cacher un certain désappointement. L’accord marque, en effet, la fin de leur suprématie sur l’écologie politique française.
Ils avaient déjà dû accepter une campagne menée par Daniel Cohn-Bendit et ses nouveaux alliés qui a, de fait, marginalisé la direction des Verts dans le comité de pilotage de la campagne. Ils ont accepté que le manifeste, socle idéologique du rassemblement, soit rédigé par M. Besset. Ils ont dû, enfin, avaliser un rapport de forces dans le choix des têtes de liste pour chaque grande circonscription régionale qui ne leur laisse que trois postes éligibles sur huit escomptés, si le score écolo atteint les 10 % donnés par les sondages.
Ainsi, en plus de Daniel Cohn-Bendit en Ile-de-France, la députée sortante Hélène Flautre mènerait le rassemblement dans le Nord et l’ex-députée de la Drôme Michèle Rivasi dans le Sud-Est. Les autres places leader sont attribuées aux « personnalités écolos » : José Bové dans le Sud-Ouest, Yannick Jadot dans l’Ouest, Sabine Bélier (ancienne directrice de France nature environnement) dans l’Est, et Jean-Paul Besset dans le Centre. L’ancienne juge Eva Joly reste numéro deux en Ile-de-France et une place est réservée à François Alfonsi de la fédération Régions et peuples solidaires dans le Sud-Est.
« MESSE »
Les amis de Dominique Voynet ont mené bataille durant tout le week-end pour obtenir un « rééquilibrage » intégrant un nouveau Vert tête de liste, Jean-Philippe Magnen, un proche de la maire de Montreuil. En vain. La secrétaire nationale Cécile Duflot, soucieuse d’afficher une parfaite entente avec « Dany », s’y est opposée. La première réunion publique avait eu lieu vendredi à Lyon où Daniel Cohn-Bendit et José Bové avaient mis en scène leur cordiale entente. « Nous venons d’horizons différents mais nous avons la même analyse de l’urgence écologique », insistait le leader paysan. Pas question donc que le moindre couac vienne des Verts. « Il y a un moment où il faut tirer le bilan d’un parti à 1,57 % (score de Mme Voynet à l’élection présidentielle). José Bové et Yannick Jadot sont au moins aussi légitimes que les Verts », a défendu l’adjoint au maire de Paris Denis Baupin. La liste a été adoubée à l’unanimité mais avec un bon tiers de refus de vote : les « voynétistes » et la gauche des Verts ont refusé de participer à la « messe ». « Depuis le début, les Verts sont prêts à tout accepter pour sauver quelques élus », s’est désolée la députée de Paris Martine Billard.
Des voix critiques sur le profil politique de la campagne engagée par M. Cohn-Bendit se sont fait entendre. Le ton donné est jugé par beaucoup trop environnementaliste et décroissant sans tenir compte du contexte de la crise économique qui s’installe.
« Il va falloir recentrer notre propos sur les préoccupations qui sont celles des gens, les licenciements et la précarité », expliquait Claude Taleb, ancien directeur de campagne de Mme Voynet. Il n’a pas été entendu. Les Verts rêvaient d’exister à nouveau dans leur singularité écolo et Cohn-Bendit leur en donne enfin l’occasion.
Sylvia Zappi