Publié le 16 octobre, 2013
0Nucléaire : pas encore de décision sur la durée de vie des centrales, confirme le ministre
Philippe Martin assure que l’Etat attend l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire pour trancher sur la durée de vie des centrales.
Philippe Martin, ministre de l’énergie, a démenti, mardi 15 octobre, les informations du Journal du dimanche qui affirmait il y a deux jours que l’Etat comptait allonger de dix ans la durée de vie des centrales nucléaires françaises. Une prise de parole qui intervient après que lundi soir, sur Le Monde.fr, le président de l’ASN a déjà rappelé fermement que l’Etat et EDF devraient se plier sur le sujet aux consignes de l’ASN, attendues au mieux pour 2015.
Calquant son discours sur les déclarations de Pierre-Franck Chevet au Monde, le ministre a indiqué que les décisions « seront prises sous réserve des avis de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui ne s’est pas encore prononcée sur l’aspect [de la] sûreté d’un éventuel prolongement, pas plus que le gouvernement d’ailleurs », a déclaré le ministre à l’Assemblée, en réponse à une question du député EELV Denis Baupin.
UN SOUHAIT D’EDF
EDF a demandé au gouvernement de pouvoir amortir ses centrales nucléaires françaises sur 50 ans dans ses comptes financiers, a révélé fin septembre le gouvernement. « Vous comprendrez que quel que soit le respect que j’ai pour eux, ce ne sont pas les commissaires aux comptes d’EDF qui déterminent et détermineront la politique énergétique de la France », a lancé M. Martin.
L’étalement de l’amortissement s’avère politiquement délicat : il permettrait mécaniquement d’augmenter les dividendes versés à l’Etat par EDF et donc de lever des ressources pour la transition énergétique, mais risquerait de froisser les alliés écologistes, qui y verraient « une provocation ».
UNE PROMESSE PRÉSIDENTIELLE EN JEU
Avec une telle prolongation, l’objectif présidentiel (confirmé mardi par M. Martin) de ramener la part de l’électricité nucléaire de 75 % à 50 % d’ici à 2025 ne pourrait également être tenu qu’à la condition d’une forte hausse de la consommation d’électricité en France. Un scénario qui apparaît peu probable et guère conciliable avec les objectifs d’économies d’énergie affichés par ailleurs.
« Les décisions à venir, et dont j’ai seul la charge, seront compatibles » avec les objectifs énergétiques du gouvernement, a toutefois assuré M. Martin, mardi.
Le ministre a également confirmé la mise à contribution financière du parc nucléaire, annoncée par Jean-Marc Ayrault lors de la conférence environnementale. Or cette politique serait grandement facilitée si les bénéfices et les dividendes d’EDF étaient augmentés en étalant les amortissements sur 50 ans.
Selon le JDD, la décision est d’ores et déjà prise et le gouvernement n’attend que le bon moment pour l’officialiser, en principe lors d’un conseil de politique nucléaire prévu le 15 novembre.