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Publié le 15 mai, 2013

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Les Echos : La France ouvre le débat sur ses poubelles nucléaires

Des déchets nucléaires stockés sous terre. Le coût a augmenté à 36 milliards d’euros, reste incertain. Une partie des déchets oubliés, selon les antinucléaires

La France projette d’enfouir ses déchets nucléaires les plus dangereux à 500 mètres sous terre, le seul tombeau désormais envisagé pour protéger l’homme pendant les 100 prochains millénaires des substances les plus radioactives jamais créées.

L’atome a fourni de l’électricité à la France en grande quantité depuis plus de 30 ans sans qu’une solution soit trouvée pour ses déchets. Le projet Cigéo doit répondre à ce paradoxe et sera détaillé dans un débat public qui s’ouvre mercredi.

L’Agence chargée des déchets nucléaires (Andra) déposera à cette occasion un dossier d’autorisation auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Elle prévoit de débuter la construction des galeries en 2019 et de réceptionner les premiers déchets en 2025.

« C’est l’occasion de présenter toutes les facettes du projet, de répondre aux questions, d’intégrer des recommandations dans les études que l’on va mener jusqu’en 2015 », dit Thibaud Labalette, directeur des programmes de l’Andra.

Au-delà des risques, les antinucléaires dénoncent une sous-estimation du coût et du volume final du projet Cigéo, situé à Bure (Meuse) près de Nancy, qui représente selon eux le « talon d’Achille » de l’industrie nucléaire.

Les stocks qui viendront s’accumuler dans cette roche d’argile représentent 3% du volume des déchets produits par les réacteurs français, mais ils concentrent 99% de la radioactivité, suscitant l’inquiétude des habitants de la région .

SOUS TERRE OU DANS L’ESPACE ?

Après une centaine d’années d’exploitation, le tombeau sera refermé, confinant dans la roche quelque 70.000 m3 de déchets de moyenne activité (MAVL) et 10.000 m3 de déchets vitrifiés de haute activité (HA).

A un mètre de distance de ces derniers, cinq à dix minutes suffisent pour recevoir une dose létale de radioactivité. Ils restent dangereux pour l’être humain pendant plus de 100.000 ans, disent les experts.

« Plusieurs axes de recherches ont été étudiés. En France et à l’étranger, les pays qui ont à gérer les déchets du même type s’orientent vers le choix du stockage géologique », ajoute Thibaud Labalette, interrogé sur l’absence d’alternatives.

Des solutions loufoques ont parfois été envisagées pour se débarrasser de ces résidus du nucléaire : les envoyer dans l’espace ou les propulser dans des zones de subduction depuis des sous-marins, rappelle-t-il.

Face au manque de sûreté de l’entreposage en surface -aujourd’hui utilisé mais sensible aux attaques extérieures, notamment aériennes -, la France a inscrit dans la loi le choix du stockage géologique, dénoncé par les antinucléaires.

Pour le député écologiste Denis Baupin, le stockage souterrain offre une solution de façade et permet de léguer aux générations futures le problème des déchets, symbole selon lui des incohérences du nucléaire.

« Il n’y a pas un secteur industriel dans lequel on pourrait se permettre de produire des matières aussi dangereuses, avec une durée de vie aussi longue, sans avoir la moindre idée au bout de quatre décennies de ce qu’on en ferait », dit-il.

PLUS DE 36 MILLIARDS D’EUROS ?

Le projet Cigéo pourrait selon lui aller jusqu’à doubler de volume si un jour les combustibles usés y étaient enterrés en plus des déchets, en cas d’arrêt du nucléaire par exemple.

Ces substances, comme le MOX usé issu du retraitement des déchets, sont classées comme des matières valorisables. Elles échappent donc au mandat de l’Andra.

« C’est une hypocrisie totale et on sait très bien que ces matières ne seront pas revalorisées et resteront comme des déchets », insiste Yannick Rousselet, de Greenpeace.

Cigéo pourra accueillir ces combustibles, assure cependant l’Andra.

L’ajout des combustibles usés au projet initial mais aussi l’apparition de surcoûts importants pourraient faire exploser la facture, avancent également les détracteurs du stockage géologique.

Dans une première évaluation en 2003, l’Andra estimait à quelque 15,9 milliards d’euros (euros 2002) au minimum le coût de Cigéo et portait ce chiffrage jusqu’à 55 milliards d’euros en incluant le stockage des combustibles usés, selon le rapport de la Cour des Comptes sur les coûts de la filière nucléaire publié en 2012.

En 2009, l’Andra a réévalué le coût du projet à 35,9 milliards d’euros dans une étude qui n’inclut plus de scénario prenant en compte le stockage des combustibles usés.

Cigéo sera financé par les producteurs de déchets, à hauteur de 78% par EDF, de 17% par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et de 5% par Areva, selon l’Andra.

Ces producteurs ont contesté le chiffre de 35,9 milliards et présenté leur propre concept de stockage pour un coût plus de deux fois inférieur, à 14,4 milliards d’euros, note la Cour.

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